Embrassade, blagues, mots d’affection : malgré Zoom et la distance, l’amour entre Alain Souchon et ses deux fils musiciens, Charles (« Ours » de son nom de scène) et Pierre, est palpable. Le trio partagera cette complicité naturelle avec le public new-yorkais lors d’un concert exceptionnel au Town Hall, le mercredi 18 juin, avant de s’envoler pour le Québec pour deux autres dates. Aucun d’eux ne s’est jamais produit dans la Grosse Pomme. « Je vous le dis tout de suite : quand est chanteur à Paris et qu’on nous invite à New York, ça nous grise ! », sourit Alain Souchon, assis sur un sofa entre ses fistons.
Ce concert s’inscrit dans une tournée entamée il y a un an qui revêt des allures d’aventure familiale. Se frotter aux scènes de France (mais aussi de Belgique et de Suisse) était une manière pour les trois hommes de « créer des souvenirs ensemble». Et pour Alain Souchon, 80 ans, de se remettre d’aplomb. Six ans après la sortie de son dernier album, « Âme Fifties », auquel ses deux fils ont collaboré, il raconte avoir eu un « coup de mou ». Son médecin lui aurait alors prescrit de la vitamine D… et de tourner avec ses « deux gars ».
Il a bien fait de suivre l’ordonnance à la lettre. En France, la tournée a fait un tabac, signe que l’amour du public pour le monstre sacré de la musique perdure. « On est ébloui par la carrière de notre père. Il y a des gens qui nous disent : ‘ton papa m’accompagne depuis mes 15 ans’. Cela nous lie avec eux. C’est extraordinaire qu’il ait traversé les décennies et se partage de génération en génération », raconte Pierre Souchon.
Même si lui et son frère ont grandit dans les tubes de leur papa, celui-ci a longtemps cherché à les préserver du milieu du show biz. « Il ne nous a jamais imposé de faire ce métier. Au contraire, il a voulu nous épargner, reprend Pierre. À la maison, il n’y avait pas de guitare, aucun Disque d’Or aux murs, aucun trophée de musique. Que des encyclopédies Universalis, des petites ampoules de 30 watts… Dès qu’il quittait le feu des projecteurs, il a toujours voulu être dans quelque chose de très rassurant et opposé à ce système ».
« Comme il nous a éloignés de cet univers, c’est peut-être ça qui nous a donné envie de nous y plonger », sourit Ours. De fil en aiguille, ils ont bâti leur propre carrière. Avec deux disques au compteur, Ours a notamment composé des morceaux pour le théâtre. Pour sa part, Pierre a formé un duo avec Julien Voulzy, le fils de Laurent, le grand complice d’Alain Souchon, et prêté ses talents d’auteur-compositeur à plusieurs artistes (Élie Semoun, Gaël Faure…). Il a notamment co-écrit « Âme Fifties » avec son père. L’album a reçu la Victoire de la musique de l’album de l’année en 2020. « Il nous a transmis l’art de faire de belles chansons, de trouver la bonne formule dans les refrains, l’autonomie des mots, les couplets qui évoluent, la répétition…, poursuit Ours. On préfère ce travail très artisanal plutôt que la célébrité ».
« Quand je les vois, je me dis que je ne les ai pas écrasés, se félicite le patriarche. Un père dont on parle beaucoup dans les médias, ça peut rendre un peu dingo. En fait, ils ont pris ce qu’il y a de meilleur dans le métier, c’est-à-dire l’écriture plus que l’attitude ».
Pendant leurs concerts ensemble, ils revisitent, dans une ambiance intimiste et feutrée autour d’un piano, les grands succès du chanteur aux dix millions de disques vendus, comme « Foule Sentimentale » et la « Ballade de Jim », mais aussi des morceaux moins connus. Ils font également découvrir « À quoi tu penses», un morceau très touchant – le seul qu’ils ont écrit à six mains – dans lequel ils se relaient à chaque couplet pour dire ce qui se trame dans leur tête. « Nous ouvrirons des photos et des films de famille, mais pas trop. Nous ne nous sommes pas dans l’étalage de la vie privée », explique Pierre Souchon.
« C’est vraiment le concert de notre père, insiste Ours. Il voulait que nous chantions nos chansons, mais cela nous gênait. Il n’y en aura que deux au programme en guise de clin d’œil pour montrer qu’il nous a transmis l’amour de la musique, mais pas plus. Le public n’entendra que du Souchon ! »
Cette tournée est-elle une manière pour la star de passer le flambeau ? « Je ne sais pas, mais c’est certain qu’étant donné mon âge, je ne vais pas faire ça pendant encore très longtemps et qu’ils pourront continuer ». À la différence de leurs concerts en France, ils traverseront l’Atlantique avec le reste de la famille pour marquer le coup. « On ne jouera à New York qu’une fois dans notre vie, glisse Pierre Souchon. Cela sera un souvenir éternel ».
Alain Souchon en concert avec Ours et Pierre Souchon, mercredi 18 juin à 7:30pm au Town Hall, 123 W 43rd St, Manhattan.
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