Souvent présentée uniquement comme l’épouse d’Eugène Manet, moins connue que ses homologues Claude Monet, Edgar Degas et Pierre-Auguste Renoir, la peintre Berthe Morisot fut pourtant l’une des fondatrices du mouvement impressionniste. L’exposition “Berthe Morisot, Woman Impressionist”, visible au Dallas Museum of Art du 24 février au 26 mai, souhaite redonner à la peintre la juste place qui lui revient dans le monde de l’art.
« Quand, il y a 5 ans, nous avons évoqué l’idée de monter une exposition sur la seule femme peintre ayant appartenu au courant des impressionnistes, le climat socio-culturel était bien différent », explique Nicole R. Myers, chargée de la peinture et de la sculpture européennes au Dallas Museum of Art, et co-commissaire de l’exposition avec Sylvie Patry, conservatrice générale et directrice de la conservation et des collections du Musée d’Orsay. “Nous étions loin d’imaginer que le mouvement Me Too allait contribuer à mettre en lumière les femmes oubliées de l’histoire de l’art.”
Car si Berthe Morisot est moins connue que ces collègues masculins, c’est uniquement parce qu’elle est une femme. « En 1874, elle fait partie des huit peintres qui vont faire la première exposition du groupe impressionniste, et elle exposera ses toiles à sept des huit expositions des impressionnistes! explique Nicole R. Myers. Ces peintures sont l’oeuvre d’une artiste de grand talent qui a su innover en osant exposer des toiles qui peuvent paraitre inachevées ».
Ses œuvres étaient très appréciées des critiques de son époque pour leur technique et l’extraordinaire traitement des jeux de lumière et des reflets.
Malgré son talent, à la fin du XIXe siècle, se faire reconnaître comme femme artiste est impossible. Impossible, par exemple, de s’installer avec chevalet et pinceaux dans une gare, dans un café, et encore mois un cabaret. Berthe Morisot a donc été cantonnée à la sphère domestique, ce qui a probablement contribué à la rendre invisible auprès du grand public.
L’exposition du DMA, qui voyagera ensuite au Musée d’Orsay, présente près de 60 œuvres provenant d’institutions publiques et de collections privées du monde entier. On y découvre les années de formation de la peintre, ses thèmes de prédilection -l’intimité de la vie bourgeoise de l’époque, la mode, la famille et la femme au travail- ainsi que la dimension inachevée de ses tableaux.