Figure de proue du mouvement zéro déchet, la Française Béa Johnson sera en tournée aux Etats-Unis pour une série de conférences. Elle sera le 17 avril à l’University of the District of Columbia à Washington.
Le discours de cette mère de famille californienne désormais conférencière dans le monde entier pour prêcher le zéro déchet est bien rodé et s’articule autour de cinq règles (détaillées dans son livre, Zero Waste Home, traduit en 22 langues).
« Tout d’abord, il faut refuser : dire non à l’échantillon gratuit, aux pailles…explique Béa Johnson dans un accent provençal. Ensuite, il faut réduire : se désencombrer des biens matériels qu’on peut remettre sur le marché au profit d’autrui. Il faut aussi réutiliser : remplacer le jetable par une alternative réutilisable qui existe pour tout, même pour les préservatifs et les tampons hygiéniques ! Et enfin, avec les déchets qu’on ne peut pas éviter, il faut recycler et composter. »
En suivant ces règles, la famille Johnson parvient aujourd’hui à produire si peu de déchets que leur poubelle annuelle tient dans un bocal d’un quart de litre ! Un exploit accompli avec deux adolescents à la maison…
Mais au-delà des règles, c’est un mode de vie que la Française tente de promouvoir. Un mode de vie qui peut sembler bien éloigné du rêve américain souvent synonyme de maison de banlieue, de grosse voiture et de caddies bien remplis, bref de société de consommation.
Pas vraiment des hippies
A priori, rien ne prédisposait les Johnson – un peu rapidement qualifiés de hippies par certains – à devenir la famille modèle du mouvement zéro déchet. Mais en 2006, un déménagement dans un logement plus petit les force à mettre la plupart de leurs affaires au placard et va changer la donne.
« En ne gardant que le nécessaire, on s’est aperçu que le reste n’était que du superflu », raconte Béa Johnson. Après avoir « désencombré » son foyer, le couple commence à revoir son mode de consommation : « ça a été une prise de conscience progressive qui nous a amené à découvrir un mode de vie plus simple, moins matérialiste ».
Cette simplicité implique néanmoins une certaine organisation pour gérer le quotidien, en particulier l’alimentation, grande source de déchets. Acheter dans les magasins en vrac est bien sûr un passage obligé, mais cela ne suffit pas, il faut aussi venir avec ses bocaux. Pour ce qui est du ménage, exit l’aspirateur et les essuie-tout à usage unique, pour un retour au balai et aux torchons découpés dans de vieux tissus. La règle étant de réduire, les garde-robes sont aussi minimalistes. Bref, ce sont tous les aspects de la vie qui sont affectés.
Les Français bons élèves
« C’est faisable partout et par tout le monde », assure pourtant la Californienne face aux sceptiques. Et d’insister : « nous vivons dans la société qui consomme le plus au monde, dans un comté où le nombre de déchet par habitant est très élevé et nous y sommes arrivés. »
Nul n’est prophète en son pays ? Dans le cas de Béa Johnson, l’adage ne vaut que pour le pays d’adoption, car la France, estime-t-elle, est « le hot-spot du zéro déchet ».
Même si le mouvement semble gagner du terrain aux Etats-Unis, où plusieurs villes et Etats envisagent de limiter ou d’interdire l’usage de pailles par exemple, il reste encore beaucoup de travail. « L’esprit de consommation est moins ancré chez les Français, et aux Etats-Unis, le zéro déchet met du temps à se développer, explique-t-elle. Plus largement, j’ai remarqué que cela se développe plus chez les francophones, en Belgique, au Canada et en Suisse par exemple, ce qui est peut-être dû à une appréciation pour les plaisirs simples, la bonne bouffe et la convivialité. »
0 Responses
Bravo Béa! Très intéressant d’avoir son point de vue, notamment sur les différentes cultures de consommation.