En octobre prochain, Athéna Coustenis deviendra la première présidente non-américaine de la division planétologie de l’American Astronomical Society (AAS) basée à Washington. Une consécration pour cette astronome de renommée mondiale, directrice de recherche CNRS à l’Observatoire de Paris-PSL à Meudon, qui s’apprête à prendre les rênes de la plus importante et prestigieuse association de planétologues au monde.
Reconnue aujourd’hui comme la spécialiste de Titan, une des lunes de Saturne, Athéna Coustenis a su s’imposer dans un univers masculin. Entrée au CNRS en 1986 pour poursuivre son DEA, elle gravit un à un les échelons et participe à de nombreuses missions spatiales et collaborations internationales avec la NASA (National Aeronautics and Space Administration) et l’ESA (European Space Agency).
Un parcours qui n’a pas toujours été facile. « C’est un milieu très exigeant qui demande de la détermination, reconnaît l’astronome franco-grecque. Non seulement car il nécessite beaucoup d’années d’études, mais aussi parce qu’il faut se battre pour faire sa place. Une femme doit travailler deux fois plus qu’un homme pour monter dans les échelons ».
Née en Grèce dans une famille de militaires, rien ne prédisposait Athéna Coustenis à devenir une scientifique de renom. Jeune fille rebelle aux allures de tomboy, elle découvre le planétarium d’Athènes, dévore les livres d’Isaac Asimov. Si ses parents la poussent plutôt vers l’enseignement, les planètes semblent s’aligner pour lui permettre de poursuivre sa destinée.
Faute de trouver un établissement grec à Ankara où son père est détaché, elle est scolarisée au lycée français. Un heureux hasard qui lui permet d’apprendre la langue de Molière. Son bac en poche, elle s’établit à Paris où elle poursuit ses études, à la Sorbonne-Nouvelle en littérature anglaise… Et à Pierre et Marie Curie en astronomie.
« La France m’a offert la chance de devenir qui je suis aujourd’hui. J’étais une femme, de nationalité étrangère, le CNRS m’a accueillie et donné les moyens de poursuivre mes recherches en toute liberté. C’est une opportunité très rare ». Devenue Française il y a une dizaine d’années, elle explique avoir eu besoin, par cette démarche « d’asseoir cette affiliation » entre elle, la France et le CNRS.
Son élection à la tête de la division planétologie de l’American Astronomical Society, l’étonne encore : « Cette nouvelle a été une vraie surprise. C’est un honneur pour moi d’avoir été choisie par mes confrères. Cela veut dire qu’ils me font confiance pour défendre les intérêts de la communauté des sciences planétaires ».
Un accomplissement dont n’aurait pu rêver l’adolescente, fan de Star Trek, qui voyait l’Amérique comme le Graal de la conquête spatiale. « Si vous avez un rêve, il n’y a rien qui puisse vous empêcher de le réaliser à part vous-même. C’est la détermination qui fait toute la différence ».