« Beaucoup de gens sont venus me voir en me disant “C’est merveilleux. C’est la première fois qu’on raconte une histoire positive sur cette tragédie” ».
Conservateur en chef au Dallas Museum of Art, Olivier Meslay est l’homme derrière l’exposition Hotel Texas: An Art Exhibition for the President and Mrs. John F. Kennedy qui a fait près de 50 000 entrées en moins de quatre mois à Dallas. Elle est actuellement montrée à l’Amon Carter Museum of American Art de Fort Worth. L’exposition rassemble les œuvres d’art qui ont décoré la suite des Kennedy dans l’hôtel de Fort Worth Hotel où ils ont passé la nuit précédant l’assassinat du président.
Plus qu’une simple exposition, elle a eu l’effet d’un baume cicatrisant sur la région, toujours traumatisée par l’assassinat de JFK à l’approche du cinquantième anniversaire de l’évènement.
« Dès mon arrivée à Dallas, j’ai été frappée par le fait que, quatre ans avant le cinquantenaire de l’assassinat, personne ne semblait prêt à risquer une exposition là-dessus », poursuit le Dallasite d’adoption et ancien du Louvre. « Les gens me disaient : “Vous ne vous rendez pas compte ! Pendant vingt ans, dès que nous mentionnions que nous venions de Dallas, on nous lançait “Vous avez tué le Président” si l’on ne vous crachait pas dessus !” »
“La dernière chose que Kennedy a vu”
Au total, seize œuvres sont présentées. De Monet à Sombrero with gloves – « la dernière chose que Kennedy a vu » – en passant par des œuvres de Van Gogh et Picasso -, cette exposition « a été extraordinairement pensée, estime Olivier Meslay. En faisant le point sur l’art américain du XX siècle tout en évoquant l’avant-garde et les influences extérieures, elle permet une grande richesse d’analyse. »
Si elle n’est « ni la plus grande, ni la plus chère » des expositions que le Français a organisées, Hotel Texas est « sans doute l’une des plus compliquées, dans la mesure où elle joue avec l’inconscient collectif ».
Pour le Français arrivé au Dallas Museum of Art en 2009 et « revenu à des choses plus normales » depuis, c’est aussi la confirmation qu’il a bien fait de s’expatrier. « On me demande souvent comment j’ai pu quitter Paris. » Mais, outre le fait que « le cliché du vieux monsieur passant ses journées aux archives » est assez éloigné de la réalité du métier de conservateur, international par nature et de plus en plus anglophone, Olivier Meslay a trouvé dans le Nord du Texas « une vitalité » et « une richesse artistique » qu’on ne soupçonne pas en dehors de la région.
Et puis en voyant « la ville littéralement changer sous [ses] yeux » par la fenêtre de son bureau, il a l’impression de vivre à Paris sous Haussmann. Grisant.