Dans un atelier de Chinatown, niché dans un bâtiment sans histoire de Canal Street, une vingtaine d’employés s’active. Bienvenue dans les locaux d’Apparis, une marque connue pour ses manteaux colorés en fausse fourrure (“faux fur”) qu’on a vu récemment sur les épaules de Priyanka Chopra, Khloé Kardashian ou encore Sandra Bullock.
Derrière cette petite entreprise qui monte, on trouve deux amies françaises, Lauren Nouchi et Amélie Brick, qui rêvent d’une mode respectueuse des animaux. “Ces derniers mois, on a vu les marques “héritage” faire des efforts dans ce sens. Mais c’est plus compliqué pour elles. Des marques nouvelles comme la nôtre intègrent dès le début une démarche positive envers les animaux. C’est au centre de ce que l’on fait“, raconte Amélie Brick.
Les deux Marseillaises sont tombées dans le chaudron de la mode quand elles étaient petites. La famille d’Amélie Brick disposait de magasins de chaussures. À la fin de ses études, elle a tout naturellement postulé à Hermès, Chanel et LVMH, sans savoir que sa carrière l’emmènerait dans les trois illustres maisons. Lauren Nouchi vient, elle aussi, d’une famille de commerçants. Ses parents possédaient une boutique de prêt-à-porter féminin dans le sud de la France. Les deux amies se rencontrent à Boston, puis se retrouvent à travailler ensemble à Louis Vuitton dans les années 2010.
En février 2016, Lauren Nouchi est partie chez Yves Saint-Laurent, mais “je n’y trouvais pas vraiment ma place“, dit-elle. Lors d’un voyage à New York, où sa comparse s’est installée entretemps pour le compte de LVMH, elles décident de monter un business. “On avait bu un peu trop de vin, plaisante Lauren Nouchi. Le fait d’avoir eu des parents entrepreneurs nous a donné confiance. Trois mois plus tard, nous avions un site internet“.
La mission végane de l’entreprise est inspirée de leur expérience chez les grands noms de la mode. “Nous avions souvent affaire à des fourrures et des matières animales. J’ai passé du temps dans les tanneries, au contact de produits en cuir exotique provenant d’autruches, de crocodiles et de reptiles. L’impact environnemental lié à l’élevage de ces animaux est très néfaste, raconte Amélie Brick. J’ai toujours pensé qu’il y avait un meilleur moyen de faire de beaux produits sans utiliser de produits animaux“.
Le tandem jette son dévolu sur le “faux fur”, secteur de l’habillement en plein boom avec le déclin de la fourrure animale. “On a fait un choix stratégique car personne ne faisait du qualitatif à un bon prix dans ce domaine“, poursuit Amélie Brick. Les entrepreneuses travaillent sur la matière et les couleurs pétantes de leurs manteaux pendant “plusieurs mois“, utilisant un procédé et une solution en usine qui leur sont propres. Il n’y a pas que la fourrure qui n’est pas animale: les manteaux d’Apparis n’utilisent pas non plus d’éléments en cuir, soie ou cachemire. “Sommes-nous des activistes ? Non, on a écouté ce que le marché voulait. On voulait faire quelque chose en adéquation avec la société“, explique Lauren Nouchi.
Leur intuition a payé. Depuis son premier pop up à Brooklyn en 2017, la marque a fait du chemin. Les manteaux d’Apparis et ses autres produits sont notamment vendus chez Saks, Bloomingdale’s, Moda Operandi, Intermix et Bandier. Les deux fondatrices organisent aussi de nombreux pop up pour tester leurs créations et mieux identifier leur public. Apparis est ainsi présente pendant novembre et décembre au sein du centre commercial The Mall at Short Hills (Millburn, New Jersey). Pour bien terminer l’année, la dynamique entreprise vient de lancer une collection en partenariat avec la créatrice Diane von Fürstenberg et figure dans le très suivi guide GOOP de l’actrice Gwyneth Paltrow. Les clients sont aussi invités à faire leurs emplettes au showroom de Chinatown.
Si “80% du chiffre d’affaires” provient des Etats-Unis, leurs produits sont depuis quelques mois aux Galeries Lafayette à Paris. “Sur les 18 derniers mois, notre business a décuplé, se félicite Amélie Brick. On va faire un gros effort sur l’international. Nous avons un fort potentiel de développement“.