La quatrième édition d’Animation First, du 5 au 15 février, sera intégralement en ligne cette année pour cause de Covid-19. Mais il en faut plus pour doucher l’enthousiasme des organisatrices de ce festival du dessin-animé, proposé par le French Institute Alliance Française (FIAF). “On ne passe pas en ligne par dépit. On est très fières de notre programmation“, souligne Delphine Selles-Alvarez, responsable des films au FIAF et co-programmatrice d’Animation First. “Le virtuel est une chance que l’on mesure tous les jours. Il permet de faire « passer le message » auprès d’un public beaucoup plus large, renchérit Catherine Lamairesse, l’autre programmatrice d’Animation First. L’animation est un outil multi-facettes tellement puissant pour raconter des histoires, aborder des sujets difficiles, faire rire ou faire de la poésie, en y apportant la légèreté du dessin“.
Lancé en 2018 pour faire découvrir les pépites de l’animation française au public américain, Animation First fait de nouveau la part belle aux premières. Au programme: 75 longs et courts-métrages pour petits et grands. Le coup d’envoi du festival sera donné par “Calamity”, le dessin-animé du français Remi Chayé sur l’enfance de la cow-girl légendaire. Ce western féministe sorti en 2020 n’a jamais été montré aux États-Unis.
Animation First s’est aussi offert un invité de marque: le réalisateur Wes Anderson, qui a sélectionné quatre de ses films d’animation favoris. Parmi eux, une étonnante version indienne du classique de Disney “Bambi”. Elle sera disponible, avec la version française, à la fin du festival. “La version indienne a été très peu vue à l’époque de sa sortie en Inde, après la Seconde Guerre Mondiale, mais elle a tout de même gagné un Golden Globe en 1948 aux États-Unis. C’est une version très intéressante: en plus du doublage, toutes les musiques ont dû être réécrites. Ça leur a coûté une fortune !”, précise Delphine Selles-Alvarez.
A noter aussi: une sélection de courts-métrages d’animation africains proposée pendant tout le festival, un hommage aux oeuvres du pape français de l’animation Paul Grimault et une nouvelle compétition rassemblant des étudiants de six écoles d’animation françaises et américaines. Le festival propose aussi des discussions sur les films montrés. Le 11 janvier, le scénariste de “Marius et Jeannette”, Jean-Louis Milesi, viendra notamment parler de “Josep”, le long-métrage sur l’artiste Josep Bartolí, détenu dans des camps de prisonniers en France alors qu’il tentait de fuir l’Espagne de Franco. Il sera accompagné de la veuve de l’artiste. “Le contexte actuel a permis au festival de se développer d’une manière inimaginable il y a six mois ! Mais ce développement ne pourra se maintenir que si on rouvre les salles. On ne peut pas garder vivant un festival pendant trop longtemps sans y inclure le public, explique Catherine Lamairesse. On se dirigera, quand les circonstances le permettront, vers un festival hybride ou, pour employer des mots plus festifs, ouvert et humain…”
À l’exception du film d’ouverture et de quelques autres, tous les films d’Animation First seront visibles simultanément sur la plateforme Eventive du festival. Celle-ci a vocation à devenir le nouveau service de streaming du FIAF. Il permettra au public de découvrir un catalogue de films français parfois peu montrés aux États-Unis. On n’arrête pas le progrès.