Jean-Jacques Vitrac est installé en Californie depuis 37 ans. Ce n’est pas l’endroit le plus facile pour être pro-Trump. Et pourtant, le conseiller consulaire de San Francisco de 75 ans a choisi – en dehors de ses fonctions officielles – de soutenir l’actuel président américain.
« On ne me l’a jamais reproché. Cela a fait l’objet d’échanges intellectuellement très passionnants avec mes amis français et américains », salue celui qui est également consultant en affaires internationales pour le World Trade and Development Group. « J’admire beaucoup le président Trump car il résiste à des attaques personnelles d’une extrême violence, poursuit-il. Et en tant qu’ancien conseiller d’hommes politiques français, je sais comme certains élus peuvent être profondément affectés par ce genre d’attaques ».
Un an s’est écoulé depuis l’élection de Donald Trump le 8 novembre 2016 et si c’était à refaire aujourd’hui, Jean-Jacques Vitrac replongerait volontiers un bulletin Trump dans l’urne.
Il est impossible de chiffrer le nombre de ces trumpistes français tant ils choisissent de se faire discrets. Plusieurs personnes interviewées pour cet article ont d’ailleurs demandé à être citées anonymement pour témoigner. En France, ces pro-Trump seraient largement minoritaires. Un sondage de l’université de Suffolk a trouvé que 82% des Français voyaient le président américain de manière défavorable (contre 13% d’opinions favorables et 5% d’indécis), plus que Vladimir Poutine (71% d’avis défavorables).
« J’aimerais pouvoir être fier de mes convictions mais j’ai été violemment critiqué sur les réseaux sociaux et j’ai perdu de nombreux amis, ce qui est vraiment triste car chacun devrait être libre de ses opinions », confie un Français de Miami, qui considère que Trump “représente ainsi parfaitement la philosophie américaine pour laquelle je suis venu m’installer dans ce pays : avec un peu d’audace et beaucoup de travail, tout est possible ».
Quant aux critiques auxquelles fait face le président américain depuis son élection, il les balaye d’un revers de main. « Les démocrates ne sont ni honnêtes, ni authentiques, ils disent simplement ce que les gens veulent entendre. Donald Trump, lui, reste constant dans ses positions pour faire avancer le pays », explique le Français qui fait allusion notamment à la réforme fiscale entreprise par le président américain. « Ces mesures ne plaisent peut-être pas à tout le monde, mais il est important de booster l’économie d’un pays et de retenir ses cerveaux, insiste-t-il. J’ai été élevé dans un pays socialiste et je remarque que ce système ne fonctionne pas. Au-delà de l’empêtrer dans une difficulté économique, cela empêche surtout la population de progresser car elle ne s’accroche qu’à ses privilèges et ne souhaite plus sortir de sa zone de confort ».
Françoise (prénom changé), une Française du Missouri, séduite par le “parcours atypique” de Donald Trump, applaudit la tentative de décret interdisant l’entrée de ressortissants de certains pays à majorité musulmane aux Etats-Unis ainsi que le projet de mur le long de la frontière mexicaine. Critiquant “les propagandes” dont il serait l’objet, elle estime que Donald Trump est traité injustement par la classe politique et les médias parce qu’il “dérange“. “On invente tout et rien sur lui”. Pour cette professionnelle de l’immobilier, le climat des affaires s’est amélioré depuis l’élection. “Les affaires sont florissantes. Les prix augmentent. Tout le monde embauche“, se réjouit-elle.
Quant à sa politique d’immigration, elle l’approuve aussi, même si le visa avec lequel elle est venue aux Etats-Unis, le K-1 (attribué aux fiancé.e.s), fait partie de ceux visés par le renforcement des contrôles opérés par les autorités de l’immigration depuis l’élection. “Les Etats-Unis et la France ont toujours été amis. Les critiques ont tendance à l’oublier. Nous serons moins inquiétés que les autres, veut croire cette Française. Mettez de côté votre haine de cet homme. Il veut protéger les Américains. Quand on quitte notre maison, on ferme bien les portes à clef. Pourquoi ne ferait-on pas la même chose avec nos frontières ?”
Loin d’être dissuadé, Jean-Jacques Vitrac a vu son choix « se renforcer » en un an. Favorable lui aussi à la création d’un mur avec le Mexique et à un renforcement de la frontière avec le Canada, le Français trouve « anormal » que des travailleurs illégaux puissent bénéficier « de l’indifférence des pouvoirs publics ». Jean-Jacques Vitrac regrette juste une chose : « l’opposition farouche, ridicule et systématique » à Donald Trump. Fervent soutien d’Emmanuel Macron, il aurait aimé que l’homme d’affaires parvienne, tout comme le président français, à jouer la carte du rassemblement. « Mais le bipartisme américain ne le permet pas ».
“Je ne sais pas, je regarderai le menu, indique la Française du Missouri quand on lui demande si elle voterait pour Donald Trump en 2020. Titulaire aujourd’hui d’une carte verte, elle se demande si elle va faire les démarches pour obtenir la nationalité américaine. “S’ils nous remettent de l’Hillary, sans hésiter. Trump a du courage et sa femme aussi“.
par Klervi Drouglazet (San Francisco), Grégory Durieu (Miami) et Alexis Buisson (New York)