Le 26 août 2017, l’ouragan Harvey s’abattait sur le Texas avec des vents à plus de 200 km/h. Dans l’ouest de Houston, les stigmates sont encore nombreux. C’est le cas à Memorial, un quartier résidentiel situé en aval des barrages, où habitait une grande partie de la communauté française. “Nos compatriotes ont été fortement touchés, explique Alexis Andres, consul général de France à Houston, qui a pris ses fonctions seulement cinq jours après le passage de l’ouragan. “Nous n’avons pas de chiffres précis, mais nous savons que, par son positionnement géographique, la communauté française a été particulièrement affectée”.
Maisons noyées par l’eau boueuse, voitures bonnes pour la casse, les dégâts sont immenses, et la facture salée. Or, seule une minorité de propriétaires était assurée contre les dégâts des eaux. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux n’ont pas réintégré leur maison. “A l’issue d’Harvey, nous avons suivi une vingtaine de foyers très durement touchés en leur proposant une information à la fois fiable et en français, affirme Alexis Andres. Malheureusement, nous constatons un an après qu’une dizaine d’entre eux ne sont toujours pas rentrés dans leurs maisons.”
C’est le cas de Marion Tiberi et sa famille, encore hébergée chez des amis. Il y a un an, il y avait plus d’un mètre d’eau dans sa maison. Elle soupire : “Sur les 144 maisons de notre quartier, toutes inondées, seulement 45 maisons sont occupées. L’année dernière à la même époque, je n’aurais jamais imaginé être encore loin de chez moi !”
Le quartier demeure fortement sinistré, et l’on peut toujours voir les traces de l’eau sur certaines maisons inoccupées. Beaucoup sont à vendre, et malgré une baisse drastique des prix, elles ne trouvent pas d’acheteur. “Nous allons de mauvaise surprise en mauvaise surprise, explique Marion Tiberi. Les imprévus s’accumulent : les fils électriques étaient encore humides en avril et avons dû refaire toute l’électricité, puis nous avons découvert la présence de termites…” Résultat : la rénovation a été retardée de plusieurs mois.
L’indemnisation des dommages aux habitations reste complexe. Les sinistrés n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers les organismes d’Etat, à l’instar de l’Agence fédérale des situations d’urgence (Fema) et de son fonds national d’assurance contre les inondations (National Flood Insurance Program). “Toutes nos économies y sont passées, explique Marion Tiberi. Nous avons contracté un prêt de 180.000 dollars pour faire face aux dépenses, mais le coût des travaux a largement dépassé le montant de notre prêt”.
Harvey a affecté l’implantation géographique des expatriés à Houston, qui s’installaient auparavant dans les quartiers ouest de la ville, au-delà du périphérique. Maintenant, la tendance chez les nouveaux arrivants est de s’installer à l’intérieur du périphérique, dans des quartiers qui n’ont pas été inondés. “C’est une ville à deux vitesses, résume Marion Tibéri. Il y a ceux qui ont tourné la page très rapidement, et ceux qui, un an plus tard, forcés de rester dans les quartiers sinistrés, demeurent dans une situation précaire”.
Pour certains Français sinistrés, Harvey a été l’occasion d’un nouveau départ. Fanette Chalopin, dont la maison en location a été inondée par l’ouverture des barrages, est maintenant installée dans le quartier de Montrose, qui a été totalement épargné par l’ouragan. “Nous avons eu la chance de pouvoir rapidement tourner la page, et finalement, ce déménagement imprévu nous permet de découvrir une autre facette de Houston.” De cet épisode, elle retient surtout le bel élan de solidarité qui s’est crée autour d’elle.
Voisins, proches ou volontaires inconnus ont porté secours et réconfort aux victimes de l’ouragan. C’est également cette solidarité que souligne Marion Tiberi : “Nous avons été soutenus par nos amis, par nos collègues, et nous nous sommes aussi aidés entre “floodies” (victimes des inondations, ndr). Grâce à eux, nous avons retrouvé un semblant de normalité, même si en cette saison à risque, j’ai une petite pincée d’angoisse quand on annonce de fortes pluies!”
A Washington, l’ambassade de France aux Etats-Unis travaille à mettre en place un suivi psychologique pour les victimes de catastrophes, dispensé par des psychologues francophones volontaires. “Notre mission est de s’assurer que nos compatriotes ne sont pas abandonnés en cas de crise, explique le Consul de France à Houston. Cette année, nous avons travaillé sur le dispositif de gestion de crise et étoffé le réseau de chef d’îlots, relais essentiels auprès de la communauté française. Plus de 50 personnes se sont portées volontaires.” Un an après le passage de l’ouragan, la solidarité est donc toujours d’actualité à Houston.