Dans les bureaux de TheLadders.com, pas de costume ni de cravate. L’immense open space downtown Manhattan grouille de jeunes gens en jeans et tee-shirts, rien à voir avec un cabinet de recrutement classique. Pourtant les employés lisent, trient et classent CV et offres d’emploi. Ils ont été formés pour aider, via internet et téléphone, les candidats qualifiés à trouver un poste rémunéré au moins… $100.000 par an. TheLadders.com est un site web pour cadres supérieurs. On ne fait pas plus américain comme outil de recherche d’emploi. Mais c’est un Français de 36 ans qui a créé l’entreprise et qui la préside aujourd’hui: Alexandre Douzet.
Né à Limoges et élevé en Alsace, Alexandre Douzet est arrivé à New York il y a 15 ans. Il était venu faire un stage de fin d’études universitaires chez Air France, histoire d’améliorer son anglais. Séduit par la vie américaine, il décide de rester et de suivre un master à NYU tout en travaillant. Il passe 2 années chez BMG music club, avant d’entrer, en 2001, chez HotJobs.com, au moment du rachat du site américain de recherche d’emploi par Yahoo. « Cette expérience chez HotJobs.com m’a permis de comprendre le marché du recrutement, ici, aux États-Unis », explique Alexandre Douzet. « Et j’y ai rencontré Marc Cenedella», son boss à l’époque avec qui il fonde TheLadders.com en 2003, après avoir obtenu en France son MBA à l’INSEAD.
Les débuts ont été difficiles: la bulle internet venait d’éclater et plus personne ne voulait investir dans l’internet. « Après 2 échecs de création d’entreprise, quand l’idée de créer TheLadders.com est née, Marc et moi voulions nous assurer rapidement que notre concept tenait la route », raconte Alexandre Douzet. « On a fait appel à des professionnels pour créer notre site web. Ils nous demandaient 3 mois et 30.000 $. Nous n’avions ni le temps ni l’argent. » C’est donc de chez eux, en lisant des manuels informatiques, que les deux associés se sont lancés. « Au départ, il n’y avait qu’une page et tout était gratuit. Durant la semaine, nous allions à la pêche aux offres d’emploi et, le lundi matin à 9h, nous envoyions une newsletter à nos membres. Ça a très vite marché! » Lancé en août 2003, TheLadders.com comptait 20.000 inscrits 4 mois plus tard. Le 1er janvier 2004, l’abonnement est devenu payant ($25/mois) pour les candidats qui voulaient avoir accès aux offres les plus récentes. Les co-fondateurs ont alors embauché 2 employés, payés en actions à défaut de cash. Il faudra attendre mars 2004 pour le premier salaire annuel, « $60.000! Nous étions heureux après des mois sans rémunération ».
L’entreprise décolle vraiment à partir d’octobre avec l’arrivée d’un gros investisseur, Matrix Partners, une venture capital basée à Boston. « Je me souviens parfaitement du jour où l’investissement est devenu réel: c’était le 22 octobre 2004, le jour de la naissance de mes filles jumelles. J’ai reçu un coup de fil de mon avocat me conseillant de regarder le compte bancaire de l’entreprise: il venait d’être crédité de plus de 7 millions de dollars! Depuis, nous n’avons plus levé de fonds ».
TheLadders.com s’est développé en faisant payer les candidats et non les employeurs. Principe inverse de ce que faisaient les autres moteurs de recherche d’emploi à l’époque comme CareerBuilder.com (créé en 1994), Hotjobs.com (1996) ou encore Monster.com (1999). « Cela permettait dès le départ une certaine sélection», avoue Alexandre Douzet. Seules les personnes réellement intéressées acceptaient de payer pour accéder aux offres. Un principe qui fonctionne toujours. « Mais nous nous sommes peu à peu aperçus que les entreprises ne nous prenaient pas vraiment au sérieux quand on leur proposait de mettre en ligne gratuitement leurs offres d’emplois et de leur sélectionner les CV adéquats. Du coup, c’est devenu un service payant pour les employeurs également ». $16.000 l’année pour chaque recruteur. Chez Microsoft par exemple, une quinzaine de personnes utilisent TheLadders.com pour le recrutement interne.
Aujourd’hui, Alexandre Douzet dirige 410 employés entre New York et Londres, avance un chiffre d’affaires de plus de 70 millions de dollars et estime à 4 millions et demi le nombre d’abonnés aux services gratuit et payant (abonnement payant passé de $25 à $35 par mois). « TheLadders.com tient une place à part dans la recherche d’un job: notre service se situe entre les social network services, genre LinkedIn ou Facebook et les job boards qui listent des millions d’offres d’emploi comme Monster.com », estime le boss. On le sent évidemment heureux de sa réussite après quelques années de galère. « J’ai toujours eu envie de créer ma société. D’ailleurs, ça m’amuse aujourd’hui de penser à la première entreprise que j’ai fondée: j’étais étudiant, j’avais un micro bureau sur le campus et je trouvais des petits boulots pour ceux qui en cherchaient! »
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Je suis inscrit sur The Ladders depuis 2009. Je n’ai pas eu beaucoup de retour de la part d’employeurs. Le concept est bon mais je reste sceptique sur les reels debouches pour les candidats…..
J’ai fait le test egalement…si le site -suivant votre region, NYC dans mon cas- annonce un grand nombre d’offres on s’apercoit que la majorite viennent d’une poignee de grands groupes (conseils, banques…) et donc finalement pas une grande diversite dans les opportunites. Et je rejoins le commentaire, quasi aucun retour. Et idem des recruteurs qui postent leurs propres offres sur ce site egalement. A savoir qu’il y a peu d’offres exclusives a Ladders donc beaucoup de ces postes sont aussi trouvables via d’autres canaux, mais comme toujours avoir acces a une platte forme qui rassemble a un cout.