C’est un spectacle emblématique joué devant 14 millions de spectateurs dans 255 villes à travers le monde. 25 ans après la première représentation d’« Alegría », le Cirque du Soleil en offre une relecture moderne et contemporaine. Cette mouture 2019, qui a fait ses débuts en avril dernier à Montréal, est présentée jusqu’au lundi 17 février sous le Grand Chapiteau à côté du Hard Rock Stadium de Miami.
Axée sur une lutte des classes après la disparition d’un roi qui a laissé son peuple dans l’incertitude, la trame narrative d’« Alegría », qui joue sur les dualités et cherche à illustrer le passage de l’obscurité à la lumière, est toujours présente. La nouvelle mise en scène est signée Jean-Guy Legault, qui a renouvelé sans la dénaturer la mise en scène originale de Franco Dragone.
Pour cette nouvelle mouture d’« Alegría », une cinquantaine d’artistes, sous la direction de Daniel Ross, qui fut le régisseur de l’ancienne version, se partagent la scène. Même si la plupart d’entre eux ne faisaient pas partie du spectacle original, certains ont fait leur retour au sein de la troupe qui les a fait grandir. 25 ans après, l’artiste hawaïen Lisiate Tuione Tovo prend visiblement toujours autant de plaisir à jouer avec le feu en jonglant avec ses bâtons enflammés. Elena Lev, quant à elle, autre artiste du spectacle original, s’adonne avec brio à un numéro mêlant contorsion et hula hoop.
« Ce sont en quelque sorte nos mentors qui nous guident afin que l’on se surpasse pour sublimer l’oeuvre originale », souligne l’artiste québécois Vincent Lavoie qui a intégré la troupe depuis quatre ans. « J’avais tout juste dix ans quand j’ai regardé le DVD d’« Alegría » et je suis littéralement tombé amoureux de ce spectacle, se rappelle-t-il. Cela me donne toujours autant de frissons de me dire que j’ai pu réaliser mon rêve d’enfant en faisant aujourd’hui partie de ce spectacle iconique ».
En enchaînant les numéros de mains à mains, de barres russes, de trapèzes synchronisés ou encore de sangles aériennes, la version renouvelée d’« Alegría » mise sur la plupart des prouesses acrobatiques qui avaient alors fait son succès. D’autres numéros, comme celui de la roue croisée, ont également fait leur apparition. « C’est une véritable fierté d’avoir pu intégrer l’appareil acrobatique que j’ai créé à ce spectacle », se félicite l’artiste québécois Jonathan Morin, inventeur de la roue croisée en 2005. « J’ai toujours cherché à me démarquer et la persévérance a fini par payer. C’est une vraie leçon de vie ».
La beauté des costumes, qui ont été entièrement redessinés, ajoute par ailleurs une autre dimension à cette nouvelle mouture d’« Alegría ». La trame sonore, qui comprend de nouveaux arrangements signés Jean-Phi Goncalves à partir des compositions originales de René Dupéré, y est également pour beaucoup. Mêlant des envolées électroniques et rock à des éléments acoustiques et orchestraux, la bande originale du spectacle, qui à l’époque avait eu un succès mondial avec notamment une nomination aux Grammy Awards, procure toujours autant d’émotions.
Finalement, après deux heures de spectacle, lorsque les artistes s’élancent pour saluer leur public, ce dernier en redemande. Ainsi régénéré, « Alegría » n’a pas perdu de sa superbe et permet au Cirque du Soleil de prouver une nouvelle fois qu’il arrive avec aisance à transporter ses spectateurs dans un monde féérique et poétique où chacun peut s’émerveiller.