Après un été passé auprès de sa femme et de sa fille qui habitent Orlando, Adrien Mörk est de retour à Fort Worth au Texas, où il est entraîneur de golf à l’université de TCU (Texas Christian University). « On part lundi en tournoi en Géorgie pour la reprise de la saison. Sur les 12 joueurs dont je m’occupe, on n’en retient que cinq par compétition. C’est un environnement très compétitif. »
TCU fait partie du « Big 12 », l’une des meilleures Conférences du pays. La saison masculine s’étire de septembre à mai. « L’université américaine, c’est l’antichambre du golf professionnel. Une grande partie des meilleurs joueurs mondiaux sont passés par là », explique Adrien Mörk, qui dispose dans son équipe « de gars qui sont entre le top 50 et 500 mondial ». Sous sa direction notamment, le Français Aymeric Laussot qui fait partie des grands espoirs tricolores, et l’Italien Filippo Celli, vainqueur du championnat d’Europe des amateurs en juin, avant de remporter une médaille d’argent au célèbre British Open en juillet.
Originaire de Montbéliard dans le Doubs, Adrien Mörk est passé par le Pôle Espoir en France, un programme de formation réservé aux meilleurs jeunes, avant de rejoindre une université en Louisiane en l’an 2000. « À l’époque, on n’avait pas les mêmes moyens de communication. Mon père m’avait aidé à préparer une cassette VHS de mes matches, qu’on a envoyée à une trentaine d’écoles », se souvient le Français de 42 ans. « L’une d’entre elles m’a offert une bourse sans même m’avoir rencontré. Je suis resté quatre ans là-bas. »
Adrien Mörk passe professionnel dès 2004 mais ne parvient pas à intégrer le prestigieux PGA Tour. Il joue alors en Europe où il intègre le top 5 de l’Alps Tour (troisième division), avant de jouer en deuxième division sur le Challenge Tour. 2006 est l’année de son exploit le plus marquant, puisqu’il devient le premier joueur en Europe à réaliser une carte de 59 à Agadir au Maroc. « Je suis toujours aujourd’hui le seul à avoir rendu une carte de 63 puis 59 sur les deux premiers jours de tournoi », ajoute-t-il fièrement.
Adrien Mörk range ses clubs en 2011 pour devenir entraîneur dans sa ville natale, avant de retenter sa chance en tant que joueur sur le circuit américain. « J’ai retrouvé des sensations et un bon niveau. Ensuite j’ai été entraîneur pour la Fédération française de golf, où j’ai accompagné l’Équipe de France au championnat d’Europe en 2015, commente-t-il. C’est par ce biais que j’ai rencontré des entraîneurs d’université US, dont l’un d’entre eux m’a proposé un poste à UCF (University of Central Florida) à Orlando la même année. »
Performant à UCF, le Français a ensuite attiré l’attention de TCU qui l’a recruté en 2017. En poste depuis huit ans aux États-Unis, Adrien Mörk a suivi de près l’arrivée controversée de LIV Golf cette année, un tournoi professionnel financé par des fonds saoudiens qui souhaite concurrencer le PGA Tour. « C’est un séisme au niveau professionnel, puisque de très grands joueurs sont partis du PGA pour le LIV. Au niveau universitaire en revanche, le PGA a toujours une longueur d’avance puisqu’il propose des tournois de qualification aux joueurs d’université, alors que le LIV choisit lui-même les joueurs qu’il veut. »
Sur un plan personnel, Adrien Mörk se voit rester longtemps aux États-Unis. Il est en train d’acquérir la nationalité américaine. « Je suis très fier d’être Français mais c’est surtout pour ma fille, pour qu’elle puisse avoir la double nationalité et choisir dans quel pays elle voudra vivre après ses 21 ans », confie l’ex-champion.