Le 3841 18th Street n’a pas fini d’attirer les curieux et les nostalgiques: le samedi 29 février, la maison bleue chantée par Maxime Le Forestier sur l’album “Mon frère” datant de 1972 sera mise en vente pour la somme rondelette de 3.45 millions de dollars. “La maison comporte cinq chambres, et trois salles de bains, réparties sur environ 300 mètres-carrés”, décrit Jessica Branson, l’agent immobilier représentant les vendeurs de la maison. “Elle a été totalement rénovée en 2009, des fondations aux nouveaux escaliers. Elle est idéalement placée, à proximité de commerces et d’écoles”.
Construite en 1886, la maison de type victorien a traversé les époques, abritant une communauté hippie dans les années 1960 et 1970: baptisée “Hunga Dunga”, cette dernière rassemble déserteurs du Vietnam, homosexuels et doux rêveurs. Maxime Le Forestier et sa soeur Catherine y séjournent durant l’été 1971, à l’invitation de leur ami Luc Alexandre, un chanteur et acteur belge. Pour remercier ses hôtes, Lizzard, Luc, Phil et Psylvia, Maxime Le Forestier écrit “San Francisco”, qui fait entrer la maison bleue accrochée à la colline dans l’imaginaire collectif.
Amy Silverstein et Angela Padilla, les propriétaires actuelles de la maison, connaissaient l’histoire d’Hunga Dunga, et avaient vaguement entendu parler de la chanson: “Nous savions qu’une chanson folk parlait de la maison, sans en connaître le détail des paroles, jusqu’à ce qu’Alexis Venifleis, un jeune Français stagiaire au San Francisco Chronicle, se lance à la recherche de la maison bleue, qui entre-temps était devenue verte; un jour, il est venu frapper à notre porte car il avait retrouvé cette fameuse maison, et c’était la nôtre”, relate Amy Silverstein.
Hélène Goupil relate la visite de Maxime Le Forestier à San Francisco en 2011. (Source: Mission Local)
En 2011, Universal fête les 40 ans de carrière de Maxime Le Forestier: pour l’occasion, l’artiste vient symboliquement aider à repeindre la maison en bleu, et une plaque est apposée sur la façade pour officiellement associer l’adresse à la chanson. “Nous avons fait visiter la maison à Maxime, et nous avons passé un très bon moment ensemble“, se souvient Amy Silverstein. “Plusieurs des personnes citées dans la chanson sont revenues pour l’occasion, et à plusieurs reprises ces dernières années. C’est toujours passionnant de les entendre parler de leurs souvenirs dans la maison.” Phil Polizatto, le “Phil à la kena” de la chanson, a d’ailleurs publié un livre sur la communauté d’Hunga Dunga, traduit en français sous le titre “C’est une maison bleue” (Les Arènes, 2017).
Depuis l’identification formelle de la maison et son ravalement de façade, les touristes français ne manquent pas de faire le pèlerinage devant le 3841 18th Street. “Ils sont toujours très aimables et heureux d’être là. Certains chantent même juste!“, plaisante Amy Silverstein.
De l’époque hippie, il ne reste aucune trace physique dans la maison, mais son esprit reste présent: “Nous avons élevé nos trois enfants dans cette maison pendant plus de dix ans, et elle va vraiment nous manquer“, reconnaît Amy Silverstein. “Voir nos enfants s’y amuser, faire les fous dans ces grandes pièces resteront nos souvenirs les plus précieux. La maison est vraiment conçue pour accueillir plein d’amis et passer de bons moments ensemble.”
Malgré un cambriolage en 2019, la maison devrait attirer de nombreux acheteurs, grâce à sa taille et son emplacement, dans le quartier très prisé et vivant du Castro. Achetée en 2007 pour un peu plus de deux millions, elle devrait facilement dépasser les 3.5 millions de mise en vente, selon les prédictions de Jessica Branson. “Nous restons dans le quartier, où les voisins se sont toujours montrés très accueillants“, confie Amy Silverstein. “Et nous avons hâte de rencontrer les nouveaux propriétaires.“