Le mot « Zouz’in » signifie « Entre chez moi », révélateur à lui seul de l’hospitalité et de l’art de recevoir tunisiens, chers à Loubna Slimi Pichard. Et c’est ce nom que la Franco-tunisienne, installée à New York depuis 10 ans, a donné à une marketplace d’objets et de décoration arts de la table qu’elle a fondée, il y a quelques mois. Un retour aux racines pour l’entrepreneure, mais aussi un hommage à la tradition de la cuisine et des moments de convivialité en famille ou entre amis dans son pays d’origine.
Née de parents tunisiens d’une famille de quatre enfants en Normandie, Loubna Slimi Pichard a connu, dès le plus jeune âge, les grandes tablées. « Il y avait toujours beaucoup de passage chez nous, des amis, des cousins. Tout le monde se retrouvait autour de grands repas maison », se souvient-elle. Elle commence jeune à travailler en alternance, en banque puis passe deux ans à Genève et un an en Inde, où elle décide de prendre une formation d’interior designer. L’idée germe déjà d’utiliser son amour du design et des beaux objets, mais lorsqu’elle arrive à New York en 2014, elle hésite entre le corporate et l’entrepreneuriat.
Elle décore le restaurant d’amis à Gramercy, se lance dans un premier chantier avec un associé mais avec l’arrivée de ses jumeaux, elle décide de privilégier sa vie de famille. 18 mois plus tard, elle reprend une activité comme agent immobilier, un secteur difficile humainement. « Lorsqu’on me demandait d’où venait mon nom, je me suis rendue compte que mes clients ne connaissaient pas la Tunisie. Cela m’a donné envie de le faire connaître », dit-elle en souriant. En parallèle, elle cultive son goût de la table et collabore avec son mari et deux associés pour l’ouverture de trois restaurants à West Village : Saint Tropez Wine Bar, Mino Brasserie et Lumé, le dernier né l’an passé.
L’idée de ZOUZ IN a été le fruit d’un long cheminement, entamé pendant Covid. « Je n’ai pas eu une révélation un jour, l’idée a infusé pendant la pandémie et je l’ai mûri dans mon groupe d’entrepreneures », raconte-t-elle. Devant cette page blanche, elle choisit de commercialiser des objets issus du savoir-faire local, « pour mettre en valeur les artisans de Tunisie ». Son objectif est clair : être différente.
« Les marques de décoration d’intérieur et arts de la table font toutes les mêmes choses, si bien que tous les intérieurs se ressemblent. Je veux apporter quelque chose de beau et de différent ». Elle part en Tunisie pour rencontrer des artisans. « C’était difficile à organiser mais je me suis rendue compte que je devais adopter la mentalité Tunisienne. Vas-y et fais confiance au process ». Elle rencontre beaucoup d’enthousiasme, rencontre des artisans passionnés et noue des contrats avec des intermédiaires.
Depuis quelques mois, elle commercialise des plateaux en bois d’olivier, des tasses colorées, des céramiques aux motifs orientaux, ou encore un chemin de table en corde halfa. L’univers est lumineux, des couleurs naturelles, des mélanges de matériaux et de texture. Elle enchaîne les marchés saisonniers à New York et livre partout aux États-Unis. Les projets ne manquent pas. « J’aimerais lancer plusieurs autres lignes de produits, notamment dans le domaine du gourmet, en vraie épicurienne que je suis ! Je rêve même d’ouvrir un café-store un jour ».