Et 1, et 2 et 3, zéro… Qui ne se souvient pas de ce dimanche 12 juillet 1998 ? La France devenait championne du monde de foot. Ce soir-là, sur le terrain, Youri Djorkaeff exhulte.
Avec ses ses co-équipiers, il aura marqué bien plus qu’une génération et sera entré dans la légende, aux côtés de Zinédine Zidane, Bixente Lizarazu, Thierry Henry ou encore Emmanuel Petit. Après plus de 15 ans à New York, le champion du monde a décidé de poser ses valises à Londres, où il s’occupe de sa fondation, qui vient en aide aux jeunes.
Ce n’est pas pour sa météo qu’il a choisi la capitale anglaise, mais parce qu’il est très attaché au pays. “J’ai un lien fort avec le Royaume-Uni, j’ai vécu il y a très longtemps à Manchester”, rappelle Youri Djorkaeff. L’ancien international a joué deux saisons pour le club de Bolton Wanderers, entre 2002 et 2004. “J’ai toujours eu envie de vivre à Londres. Après New York, je voulais revenir en Europe et cette ville est un bon compromis entre les deux continents”.
Ce qu’il trouve encore plus “agréable” ici, c’est qu’il a retrouvé quelques anciens partenaires de pelouse, comme Thierry Henry, aujourd’hui consultant pour Sky Sports. Avec lui, et le reste de l’équipe de France, ils avaient fait vibrer toute une nation pendant la coupe du monde 1998. Quel est d’ailleurs son meilleur souvenir de cette aventure sportive hors du commun ? Ses camarades de jeu ? La victoire ? La liesse populaire sur les Champs-Elysées ? Le fameux “Black-Blanc-Beur” ? “C’est un mélange de tout cela. Mais surtout tout l’amour que l’on a reçu et que l’on reçoit encore aujourd’hui de la part du public. J’ai été tellement fier de jouer pour mon pays”, confie l’ancien milieu de terrain.
Lorsqu’il reparle de ce dimanche 12 juillet 1998, “il y a tellement de choses qui (me) viennent en tête”, confesse Youri Djorkaeff. Quand on lui fait remarquer qu’il a inscrit son nom dans la légende, sa modestie prend le pas. “Le mot légende est un peu fort. Parfois, je l’accepte car c’est vrai qu’on a marqué plus qu’une génération. On a posé une empreinte sur le pays, sur les gens, qui ne veulent d’ailleurs pas que ces émotions s’arrêtent. Beaucoup nous en parlent encore quand ils nous croisent dans la rue”, avance l’ancien footballeur, avant d’ajouter, “ce qui me surprend encore plus, ce sont les enfants et adolescents qui n’ont pas vécu ce moment mais qui nous remercient. C’est génial”.
Ce 12ème homme qu’a été le public, que ce soit dans les gradins ou derrière sa télévision, Youri Djorkaeff ne l’oublie donc pas. “On a tous transpiré ensemble”, résume-t-il. Pense-t-il que cela sera aussi le cas 20 ans après avec une toute nouvelle équipe de France ? “Elle est assez forte pour aller au moins jusqu’en demi-finale. Ensuite, il faudra aussi de la chance, du courage, du talent et de la force pour aller jusqu’au bout”.
Le champion du monde explique qu’il n’existe pas de recette miracle pour remporter le Graal. “Il faut de la maturité, de l’expérience, des individualités, de la technicité, mais la clé de tout est le collectif. Si le groupe sait voyager et vivre ensemble, accepter la concurrence, se challenger, se battre, il pourra alors faire un beau parcours. Ça ne veut pas dire que tout est gagné d’avance, mais les chances sont plus grandes”. Mais Youri Djorkaeff ne sous-estime pas la pression de ce genre de compétitions. “C’est un challenge difficile. On a gagné en 1998, mais en 2002, on n’a pas passé le premier tour, puis en 2006 on a perdu la finale. Une équipe doit être prête à relever tous ces défis qui arriveront forcément les uns après les autres”.
L’ancien footballeur soutiendra cette nouvelle équipe, et suivra même de très près les matches, puisqu’il a été dépêché comme consultant par TF1 pour apporter son analyse sur toutes les rencontres de ce grand rendez-vous sportif.
Un autre projet l’attendra à l’issue de cette coupe du monde, toujours en lien avec le foot. “Je viens de signer un partenariat avec l’Unicef. A partir du lundi 18 juin, on va commencer un programme de huit semaines dans les camps de réfugiés en Grèce”, lance Youri Djorkaeff. C’est via sa fondation, créée en 2011 à New York, que l’ancien international propose ces programmes, pour faire la promotion des valeurs fortes du sport auprès des jeunes.
La situation des réfugiés l’a beaucoup marqué. “Il y a deux ans, alors que j’étais en transit, je suis tombé par hasard sur un reportage sur Calais à la télévision française. Voir ces jeunes livrés à eux-mêmes, qui ont fui leur pays, je me suis dit que ce n’était pas possible qu’il existe ce genre de situation en France et qu’on soit inapte à y répondre. Le lendemain, quand je suis rentré à New York, je suis allé frapper à la porte de l’Unicef, je leur ai dit que je voulais organiser des camps pour eux afin que ces jeunes aient un moment de joie à eux”.
Il aura donc fallu deux ans de travail pour monter ces camps de foot, qui, pour Youri Djorkaeff, représentent une lueur d’espoir. “Je veux dire à ces jeunes qu’on pense ainsi à eux. C’est une main tendue. On ne doit pas les abandonner”. Une équipe de sa fondation se rendra donc en Grèce dès lundi 18 juin et l’ancien professionnel la rejoindra dès la fin de la coupe du monde.