C’est dans une brume épaisse et un petit crachin qu’il a franchi la ligne en vainqueur : Yoann Richomme a remporté ce lundi 6 mai après-midi, sur son bateau Paprec Arkéa, au large de New York, la Transat CIC, la fameuse Transat anglaise qui avait achevé de transformer Eric Tabarly en légende de la voile au milieu des années 60. Cette course en solitaire a relié ce mois-ci Lorient à la côte atlantique des États-Unis, et Yoann Richomme l’a menée quasiment de bout en bout.
Quelques minutes après avoir franchi la ligne, au beau milieu de l’océan (il ne ralliera la côte que ce mardi), il s’est connecté à Internet pour donner une interview en visio à quelques médias, dont French Morning. « C’est une Transat de dingue, savoure-t-il à l’intérieur de la coque du vaisseau Paprec Arkéa. Elle a quelque part dessiné l’histoire de la course au large, poursuit-il. J’avais toujours rêvé d’y prendre part. Alors la remporter ! »
S’il est resté devant quasiment tout le parcours, il a toutefois dû faire face au retour du skipper allemand Boris Herrmann dans les dernières heures. « La course était très intense, il y avait une des flottes les plus compétitives qui soit, explique-t-il. Il faisait très froid, c’était humide tout le temps. Les vêtements étaient trempés, l’intérieur du bateau pas chauffé car il est ouvert de tous les côtés. »
Les deux derniers jours de compétition, à l’approche de la côte américaine, ont été… épiques. « Hier matin (dimanche), j’ai été pris dans un grain qui est monté très fort, raconte-t-il. Je n’ai pas dormi, et dimanche soir je me suis écroulé. Quand je me suis réveillé, le bateau était sur le flanc à cause du vent. Les alarmes sonnaient de tous les côtés depuis une demi-heure et je n’avais rien entendu. J’ai dû batailler pour le remettre à plat alors que j’étais complètement explosé. Cela montre jusqu’où j’ai dû aller durant cette course. Il fait une brume très épaisse, j’espère qu’il fera soleil à New York ! »
La récompense est à la hauteur de l’effort : il a franchi la ligne en 8 jours 6 heures 53 minutes et… 32 secondes, exactement. Il aura parcouru 3293,55 milles, pour une vitesse moyenne réelle de 16,56 nœuds. « C’est beaucoup de fierté d’arriver en tête, d’autant plus que j’ai vécu une partie de ma jeunesse aux États-Unis, rappelle-t-il. Ce sera sympa d’arriver à New York par la mer en ayant remporté une compétition historique. » L’heure d’arrivée à New York ce mardi n’est pas encore définie. Yoann Richomme va tout d’abord attendre le deuxième de la course, Boris Herrmann, et ils arriveront tranquillement ensuite sur la terre ferme au cours de la journée. Le bateau Paprec Arkea sera basé à la marina One15, à Brooklyn.
Il va pouvoir profiter des États-Unis pendant quelques temps, jusqu’au départ de la New York – Vendée (organisée par le Vendée Globe) prévue le 29 mai. « Je vais profiter de New York et de mon équipe, confie-t-il. Je vais passer un peu de temps avec eux, et les remercier pour tout le travail qu’on a accompli ensemble. Je vais ensuite passer une semaine dans le parc Yellowstone que j’ai toujours rêvé d’arpenter. Je crois qu’il y a encore de la neige à ce moment de l’année, j’espère y voir des loups et des ours. Et je reviendrai à New York dix jours avant le départ de la course, pour être avec mon équipe à nouveau. Je vais recharger les batteries. » Avant de remettre les voiles !