Souriant, Yann Trividic se remémore sa rencontre avec la danse à l’âge de 8 ans. « Je faisais du violon au conservatoire de Perpignan, j’aimais beaucoup la musique et j’ai voulu essayer la danse ».
Son frère jumeaux et lui-même se sentiront instinctivement attirés, passant outre les stéréotypes et les moqueries à l’école : « Nous avons essayé le foot, le karaté, mais c’est la danse qu’on a tout de suite adoré ».
Tout s’enchaine alors très vite. Il intègre à 15 ans le Ballet du Rhin, puis il est invité par la chorégraphe Marie-Claude Pietragalla pour danser à l’opéra de Marseille pendant un an. Là-bas, il rencontre un danseur du Miami City Ballet qui l’encourage à se présenter aux auditions de la compagnie… et le voilà engagé en 2000. Outre la découverte d’un nouveau pays, Yann Trividic apprend une nouvelle manière d’appréhender la danse à travers l’emblématique directeur du ballet, Edward Villella, un des héritiers du grand chorégraphe George Balanchine : « Il donne du groove au ballet et il nous pousse à être nous même à travers la danse». Et au delà de la direction artistique, Edward Villella apporte “un esprit d’équipe et une cohésion au sein de la compagnie”.
Parallèlement à la danse, Yann Trividic pense à une reconversion. Il décide de tout abandonner en 2004 pour apprendre le métier d’ostéopathe en France. Après six ans d’études, il démarre sa nouvelle vie à Bordeaux. Mais la danse revient sur son chemin. Edward Villella le réclame pour le rôle principal de Ballroom, sa nouvelle création. Après six ans sans danser, il rechausse ses chaussons de ballet et ne le regrette pas ; il va vivre ses plus beaux moments de danseur, dont un moment de grâce en interprétant “Roméo et Juliette” : « Ce jour là, ma partenaire et moi-même avons oublié que nous dansions, il n’y avait que de l’émotion, nous avons transcendé la danse ». Yann Trividic se souvient aussi avec bonheur de la tournée du Miami City Ballet au théâtre du Châtelet en 2011, encensé par la critique française : « Je suis français mais c’était la première fois que je dansais à Paris, l’accueil a été fantastique».
A 34 ans, Yann Trividic est au crépuscule de sa carrière et va bientôt se consacrer à la “physical therapy” à Miami : « soigner gens avec une approche holistique, en traitant avant tout leur problèmes émotionnels ».
N’éprouve-t-il aucun regret à arrêter la danse ? : « La scène me manquera certainement mais je resterai toujours un artiste dans l’âme, mon travail de thérapeute sera un autre moyen de m’exprimer et surtout de transmettre ».
Photo: Miami City Ballet dancers Yann Trividic and Patricia Delgado in Slaughter on Tenth Avenue. Choreography by George Balanchine. © The George Balanchine Trust. Photo © Daniel