La dernière fois que nous avions parlé à Yann Arthus-Bertrand, il était en plein montage de son dernier film “Human”. Nous le retrouvons samedi 12 septembre, un peu beaucoup stressé, dans le hall de l’ONU à New York, juste avant le lancement officiel de son bébé. “On ne peut pas parler après?” demande-t-il, avant d’accepter de prendre deux minutes.
“Ce soir, nous voulons donner la parole à des gens qu’on n’entend jamais” , dit-il, alors qu’une impressionnante file d’attente de plusieurs centaines de personnes zigzague vers la grande salle de l’Assemblée générale, où la projection a lieu.
Trois ans de travail
Difficile de ne pas être sur les dents. Un lien vers “Human” était, le même jour, disponible à travers le monde entier depuis la page d’accueil de Google, partenaire du film. Il est également sorti en même temps dans 500 cinémas en France, sur You Tube et était montré en clôture de la 72eme Mostra de Venise.
Le pari de “Human” est extrêmement ambitieux: dresser une fresque de l’humanité d’aujourd’hui. Des journalistes se sont rendus pendant trois ans dans 70 pays pour poser les 40 mêmes questions sur l’amour, la mort, le sens de la vie à quelque 2.000 personnes, des militaires, des paysans, des pères, des mères, des sans-abris, des tueurs, des victimes… Tous anonymes. Bill Gates et le secretaire général de l’ONU Ban Ki-moon, interviewés, n’ont pas été retenus au montage.
Prêt pour la projection de #human par Y. Arthus-Bertrand aux Nations-Unies. 1.500 perso attendues. #whatmakesushuman pic.twitter.com/O8QaxdSbeg
— French Morning (@FrenchMorningNY) September 12, 2015
“C’est ça l’amour” Le film commence par le témoignage d’un détenu, condamné pour le meurtre d’une femme et de son enfant. Il explique, en fondant en larmes, que la mère (et la grand-mère) des victimes l’ont pardonné. “C’est ça l’amour” , lance-t-il à la caméra. Certains témoignages dérangent (un soldat qui affirme que l’Homme ne peut pas se passer de tuer à cause du sentiment que cela procure) ou émeuvent (une jeune femme sans abri sortie de la rue par un homme atteint d’un cancer de l’estomac mort deux ans plus tard). D’autres sont porteurs d’espoir: deux papas, un Palestinien et un Israélien, qui œuvrent pour la paix après avoir tous les deux perdus des proches dans le conflit; un homme sans jambe ni bras qui a trouvé l’amour sur un site de rencontre; un père de famille rustre d’apparence qui dit à son fils qu’il l’aime après son coming out…
Plus légère, une séquence sur les relations hommes-femmes, dans laquelle un homme africain dit que ses amis se moquent de lui car il fait à manger pour sa famille. “Human”donne aussi la parole à des réfugiés en France, sujet polémique en Europe. On y voit un homme raconter sa traversée de la Méditerranée baignant dans le fioul d’un bateau et un autre vivant dans la “jungle” de Calais, auquel un policier dit de rentrer chez lui. “Mais je n’ai pas de pays” , lui répond-il. Le résultat – 3h30 de témoignages, entrecoupés d’images aériennes de la planète, comme Yann Arthus-Bertrand sait les faire – surprend, émeut, amuse, choque. La salle, qui comptait Ban Ki-moon, quelques célébrités comme le chanteur Florent Pagny et l’explorateur Luc Hardy, est repartie conquise. Yann Arthus-Bertrand a eu le droit à une standing ovation… Cela valait bien un petit coup de stress.
Standing ovation pour Yann Arthus-Bertrand et son film #human à l’ONU http://t.co/wg43ph2sJM — French Morning (@FrenchMorningNY) September 13, 2015
Voici les trois volumes de “Human”, mis en ligne sur You Tube: