French Morning ose tout, même farfouiner dans votre porte-monnaie. Nous lançons aujourd’hui notre nouvelle rubrique “Porte-money” destinée à vous faire parler de vos finances.
Première “victime” , la pétillante Yael Dray, chanteuse franco-israélienne qu’on peut apercevoir régulièrement avec son partenaire Gabriel Hermida à Café Wha et au Highline Ballroom (dates ci-contre). Dans ses shows, leur duo Yael et Gabriel plonge dans différents univers musicaux: Edith Piaf, la bossa nova, la chanson italienne, le jazz manouche et bientôt Barbra Streisand…
Depuis son arrivée à New York en 2009, Yael Dray vit la vraie vie d’artiste avec ses gigs pas toujours bien payés, ses galères, ses petites victoires, ses belles rencontres. Certes, elle a songé plusieurs fois à partir, rentrer en Europe, reprendre un job dans l’informatique comme dans sa vie pré-New York, mais tout compte fait, elle ne se voit pas faire autre chose. “New York, c’est l’endroit où les gens foncent. Ils ne réfléchissent pas 15 fois. Mais ça demande beaucoup de temps et d’énergie, de patience. Si la musique n’est pas ta passion, l’élimination est naturelle ici. Si ça l’est, tu continues.”
Recettes
Sa passion lui rapporte environ “1.500-2.000 dollars par mois“ . Et Yael Dray y consacre tout son temps. Exit les cours de français chez EFNY et son job de bar tender au micro-bar à karaoké de Nolita Baby Grand, qui lui ont rapporté des sous quand elle s’est lancée. Décembre est traditionnellement un bon mois en raison du nombre de soirées privées, mieux payées que les gigs dans les restos. Pendant ces soirées, chaque musicien touche 150 dollars la première heure, puis 100 chaque heure supplémentaire, alors que trois “sets” dans les restaurants peuvent être payés aussi peu que 75 dollars au total, selon elle. Les “tips” sont aussi plus généreux. Elle se souvient d’un mariage où les organisateurs ont donné 600 dollars de pourboire.
Dans les restaurants, les clients n’ont pas la main aussi lourde. Dans les établissements les plus chics, il n’y a pas de “tip jar”. Mais parfois, il y a de bonnes surprises. Yael Dray se souvient d’une cliente de Brasserie de Paris à Hoboken qui a laissé un tip de 100 dollars à chaque musicien. “Les Américains sont généreux quand ils aiment ce qu’ils voient” .
Dépenses
Heureusement, Yael Dray est la reine de la débrouille. Sans surprise, son plus grand poste de dépense aujourd’hui est son loyer, qui n’est pas très élevé – 500 dollars. Elle vit dans le quartier d’Astoria, à Queens, chez une connaissance qui “n’a pas vraiment besoin d’argent” . “J’ai eu beaucoup de chance, elle m’a demandé combien je pouvais payer, et je lui ai donné un prix. Je ne voulais pas avoir un loyer de 1.000 dollars, stresser, faire un job de merde… ”
En matière de logement, elle bat en brèche l’idée que tout est hors de prix dans la Grosse Pomme. A son arrivée à New York, elle vivait dans un foyer de femmes. “C’était re-lou car on ne pouvait pas avoir d’invités, tout ça… Mais bon, je payais 450 dollars par mois” .
New York lui a permis de faire des rencontres qui l’ont aidée financièrement. “Les trois premières années, se souvient-elle, j’avais un ami anglais, Thomas, qui avait un taf bien payé. Il me considérait comme sa party friend. Il m’invitait partout. Il me disait: ‘Te nourrir est ma contribution à l’art’ “.
Après le loyer vient l’alimentaire. Elle estime qu’elle dépense 350 dollars par mois. L’avantage de chanter dans les restos: ils prennent en charge les repas. Autrement, elle est adepte des thaï à 8 dollars et des courses chez Trader Joe’s.
Même si ces dépenses sont faibles, la vie de chanteuse à New York vient avec son lot de sacrifices. Yael Dray n’a pas d’assurance médicale. Elle a, comme tout le monde, des dépenses incompressibles de transport (116,50 dollars la metrocard mensuelle) et de téléphone (40 dollars). Elle doit aller la gym – “Tu es sur scène. L’apparence compte” – et a donc opté pour l’une des moins chères, Planet Fitness et ses abonnements à 10 dollars le mois. D’autres dépenses liées à son activité professionnelles sont ponctuelles, comme l’achat de robes – “on peut en touver pour 40 dollars à Burlington Coat Factory” – et l’équipement (ampli, micros…) mais celui-ci n’a pas besoin d’être renouvelé tous les mois.
Pour financer les extras, elle peut aussi compter sur “2-3.000 euros” sur un compte en Europe, de l’argent mis de côté quand elle travaillait dans l’informatique. Mais, dit-elle, grâce à ses nouveaux concerts, elle n’a plus à piocher dans cette réserve.