Enfant, Grégory Renard était fan d’Ulysse 31. Le robot nono, le vaisseau Odysseus et surtout son ordinateur de bord futuriste Shyrka, une interface intelligente qui contrôle tous les appareils du navire. « J’ai toujours trouvé ça fou et j’ai voulu le reproduire ».
Pari gagné : Shyrka existe aujourd’hui sous le nom de X-Brain, un ordinateur central qui équipe non pas les vaisseaux spatiaux mais les voitures, et c’est Grégory Renard qui l’a créé.
X-Brain est un assistant personnel intégré au véhicule et avec lequel le conducteur peut communiquer par la voix. « Envoie un SMS à ma femme, actualise ma page Facebook, lis-moi le dernier tweet de Donald Trump, traduis moi la page 2 du Monde en anglais ». X-Brain a aussi un GPS intégré qui lui permet d’identifier des habitudes. « Quand je monte dans la voiture le matin, il sait que je vais au travail et, sauf contrordre, il m’indique cette direction », explique le PDG de la start-up, installé depuis 5 ans à San Francisco.
Au-delà du confort et du gain de temps de cette plateforme intégrée, Grégory Renard pointe un autre avantage : la concentration au volant. Avec X-Brain, pas besoin de manipuler son portable. Or « aux Etats-Unis 25 % des accidents sont dus au téléphone. C’est au-dessus de l’alcool ! », rappelle le créateur du logiciel. Ce dernier n’est « ni plus ni moins qu’une discussion en voiture comme on peut en avoir avec un passager ».
X-Brain est également connecté au téléphone et donc à l’agenda : « Quand j’ai pris ma voiture, raconte Grégory Renard (ndlr : sa voiture est une Tesla à pilotage automatique), mon ordinateur de bord a noté que j’avais un rendez-vous téléphonique avec French Morning et, à l’heure prévue, il m’a proposé de vous appeler, sans que j’ai besoin de rechercher votre numéro ».
De nombreux constructeurs automobiles comme Renault/Nissan, Honda, Toyota travaillent avec la start-up. L’assistant de bord est commercialisé depuis quelques mois sur des véhicules neufs. A partir de 2017, X-Brain pourra aussi être implanté sur des voitures vierges de tout programme. Pour arriver à ce résultat, il a fallu de nombreuses années de développement. « On a commencé en 1997 à travailler sur les prémices de ce qu’est aujourd’hui la start-up, c’était plus un projet fun qui partait d’un gros délire de geek ».
Au début des années 2000, ils sont en effet très peu nombreux à faire le pari de l’Intelligence artificielle. Pour sa part, Grégory Renard lance plusieurs projets, dès les prémices d’internet: des starts-up pour créer des sites web puis des applications qu’il revend pour financer d’autres projets qui lui tiennent à cœur. Le premier produit de Grégory Renard voit le jour en 2011, et s’appelle Angie. C’est un assistant personnel pour téléphone portable, une petite voix à qui l’on peut demander la météo du lendemain, de retrouver un contact ou le resto indien le plus proche. Ça vous rappelle quelque chose ? Normal, Angie est l’équivalent du Siri d’Apple pour téléphone Android.
Dans le milieu de l’Intelligence artificielle, le produit est tout de suite repéré et permet à son inventeur de partir en Californie grâce à Euratechnologies, un programme d’échange entre Lille et l’Université de Stanford. C’est là, au cœur de la Silicon Valley, où « tout se passe dans le domaine de l’IA » que le quadra toujours enjoué par les nouvelles technologies trouve la meilleure application aux héritiers d’Angie: le secteur de l’automobile.
Pour le moment, pas de levée de fonds en vue pour Grégory Renard qui a toujours préféré les éviter. « On s’auto-finance pour être le plus longtemps seuls maîtres à bord et pour garder notre vision, justifie le PDG. Une levée de fonds prend aussi beaucoup de temps et d’énergie et on pouvait s’en passer jusqu’à présent ».
X-Brain emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes, réparties sur trois sites : Paris, Lille et San Francisco. Une implantation aux Etats-Unis indispensable: « Ici on est au cœur du réacteur. C’est ici que ça se passe et que les clients nous cherchent » .