Depuis quelques années, les salles de fitness françaises qui proposent le vélo immergé ont le vent en poupe. A Miami, un trio d’entrepreneurs français fait le pari de convertir les Américains avec leur société Wike-Up.
Jean Michel Le Floc’h, créateur de Canelle Foods, a fourni les bonnes tables de la ville pendant une vingtaine d’années avant de revendre son affaire florissante. Sa femme le tanne pour obtenir un aquabike. Une recherche rapide lui permet de découvrir, assez surpris, qu’il doit l’importer d’Europe.
A Pâques 2015, au cours d’un dîner avec Antoine Collomba et Patrick Danciu, il met l’idée sur la table. Antoine Collomba dirige At Home in Miami, une agence immobilière dédiée aux investisseurs et vacanciers français tentés par la ville. Quant à Patrick Danciu, déjà lauréat des Trophées de l’Innovation de la French American Chamber of Commerce (FACC) de Floride en 2014 grâce à une invention pour le traitement des varices, il évolue dans le milieu médical avec sa société FCare Systems. Les trois hommes se connaissent bien. Chacun de leur côté, ils suivent leur carrière, font des affaires et attendent la bonne idée pour s’associer. Wike-Up (water et bike) sera cette occasion. L’étude de marché est rapide. En Floride, Californie et au Texas, on compte un million de piscines privées par Etat. Si l’on ajoute les hôtels, les centres de fitness, les piscines publiques, les résidences pour seniors et centres de rééducation, les perspectives sont étourdissantes.
« On a cherché nos fournisseurs, transporteurs et lancé le marketing. En septembre 2015, on a vraiment démarré. On veut aller très vite car le marché est vierge aux USA », détaille Jean Michel Le Floc’h. « On était en avril dernier au Health and Fitness Summit d’Orlando, le grand rendez-vous mondial du fitness. Il n’y avait que deux stands de vélos aquatiques parmi les milliers d’exposants et les sociétés ne visent pas la même clientèle. L’accueil a été excellent, mais il a fallu être pédagogue face à l’incrédulité que provoque un vélo dans la piscine », poursuit Antoine Collomba.
Le trio propose deux modèles de vélos fabriqués en France: le “Performance” pour les athlètes (1.490 dollars) et le modèle “Fitness” (1.190 dollars) qui représente deux tiers des ventes. « Notre vélo est en aluminium. Il ne rouille pas et il est donc bien plus léger que ce qui existe sur le marché. 80% de notre clientèle est féminine et l’idée, c’est qu’une utilisatrice puisse sortir toute seule le vélo de la piscine. Pas besoin d’être à deux ou encore d’utiliser une mini-grue de mise à l’eau. Vous pouvez simplement sortir le vélo de l’eau chaque jour. En terme d’entretien, un coup de jet d’eau et le tour est joué », détaille Antoine Collomba.
Qui dit léger, dit aussi moins cher à importer. Face à des modèles en acier inoxydable venus d’Europe, Wike-Up s’estime moitié moins cher. Couleurs, réglages, guidons, selles: des nouveautés sont déjà dans les cartons. Wike-Up prépare également un tapis de marche, aquatique lui aussi, dans une gamme dédiée à la rééducation.
Après avoir attendu plusieurs semaines pour conclure leurs premières ventes, l’équipe de Wike-Up gère aujourd’hui les commandes en veillant sur le stock. « D’ici la fin de l’été, on aura trouvé une solution pour être approvisionné en moins de six semaines afin de répondre à la demande en temps réel », ajoute Jean Michel Le Floc’h. Leurs modèles devraient faire leur apparition dans les piscines publiques de Miami prochainement et dans les bassins de plusieurs grands hôtels de Miami Beach à l’automne. Ce démarrage en fanfare vaut aujourd’hui à l’entreprise d’être en lice pour les “Innovation Awards” de la FACC de Floride qui seront décernés le 19 mai.
L’entreprise se développe rapidement par le biais de distributeurs dans les autres Etats du sud. Le salon d’Orlando leur a aussi permis de mettre un pied en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. Les trois Français ont aussi été approchés par des Américains qui réfléchissent à vendre ces modèles sur le marché européen.