« All roads lead to Big Sur » chante la canadienne Alanis Morissette, qui est loin d’être la seule artiste à avoir puisé son inspiration dans cette région côtière particulièrement spectaculaire et située à seulement trois heures de route au sud de San Francisco.
Avant elle, ce sont les écrivains Jack Kerouac et Henry Miller ou des musiciens comme les Beach Boys et les Red Hot Chili Peppers qui ont contribué à faire de cette bande littorale sauvage et autrefois inhospitalière un mythe californien.
Après une année 2017 marquée par des catastrophes naturelles et la fermeture complète pendant plusieurs mois de la célèbre route N°1, Big Sur est l’endroit idéal pour s’évader le temps d’un week-end durant l’été 2018. Le dépaysement est garanti.
Très peu de transports publics desservent Big Sur qui est avant tout une destination pour les amateurs de road trip. Prenez votre voiture ou votre moto, de nombreux touristes louent des cabriolets (grand choix dans les agences de location ou sur le site de partage entre particuliers turo.com), pour vous arrêter à loisir et contempler des panoramas à couper le souffle.
Sur la route, faîtes une petite halte dans la charmante cité de Monterey pour une courte promenade sur sa jetée piétonne et surtout pour un dernier ravitaillement en essence afin d’éviter les prix prohibitifs des rares pompes de Big Sur.
Pour clarifier un peu la topographie, Big Sur est à la fois le nom de l’étroite bande côtière longue de 120 kilomètres allant de Carmel à San Simeon et celui de son unique bourg situé à 45 minutes au sud de Monterey.
Plusieurs haltes s’imposent avant d’arriver au village de Big Sur : tout d’abord à Point Lobos, une petite péninsule rocailleuse faisant penser à la Bretagne, puis à l’emblématique pont Brixby Creek dont la grande arche enjambe un canyon impressionnant, et enfin au parc naturel Andrew Molera où un petit sentier ombragé permet de rejoindre une longue plage de sable fin. C’est l’endroit idéal pour un pique-nique ou un plongeon dans le Pacifique car les plages accessibles sont rares le long de ce littoral montagneux.
Encore quelques kilomètres et vous êtes arrivés au village de Big Sur, lové dans un petit vallon au cœur d’une majestueuse forêt de séquoias. Les différents commerces et restaurants se trouvent le long de la route principale. Pour dormir sur place, pensez à bien réserver à l’avance car la demande est très forte. Quelques campings privés proposent des emplacements ou des cabanes mais vous trouverez des prix plus raisonnables au campground du parc naturel Pfeiffer Big Sur. Il est aussi le point de départ de nombreuses randonnées.
Le coucher du soleil est le moment de la journée à ne pas rater, les plus romantiques descendront jusqu’à la plage Pfeiffer, les gastronomes pourront aller au café-restaurant Nepenthe, un des rares établissements à jouir d’une vue panoramique sur les montagnes de la chaîne Santa Lucia et l’Océan Pacifique. L’ambiance est décontractée et la carte des vins très riche.
La deuxième journée est consacrée à la portion de la côte plus abrupte et sauvage, située au sud de la localité de Big Sur. A la sortie du village, n’oubliez pas de vous arrêter quelques minutes à la bibliothèque-musée Henry Miller. On peut y boire un thé ou un café, jouer au ping-pong, s’allonger sur la pelouse, et découvrir la vie d’Henry Miller et des autres artistes de la contre-culture américaine des années 50-60 qui choisirent de vivre dans un relatif isolement à Big Sur, loin des grandes métropoles et du confort moderne.
Il faut encore rouler un petit quart d’heure pour pouvoir admirer la cascade Mc Way. Haute de 24 mètres, elle se déverse dans une petite crique paradisiaque aux eaux turquoises. Depuis la route, un court chemin balisé permet de s’approcher et de prendre des photos. Bien que cela soit très tentant, il est malheureusement interdit de descendre vers la plage.
De là, encore 30 minutes de route pour arriver à la petite localité de Gorda qui regroupe une station-service, un café-restaurant, un magasin et un hôtel. Le café se nomme le « Whale Watchers » (CA-1, Big Sur). Si c’est loin d’être une étape gastronomique incontournable, il est vrai qu’à la bonne saison (avril à novembre), il est possible d’apercevoir au loin le passage des baleines à bosse en repérant les petits jets qui apparaissent sporadiquement à la surface de l’océan.
A Big Sur, l’homme doit rester humble face aux éléments. L’été, les risques de feu de forêt sont très élevés (bien respecter les consignes de sécurité si vous campez ou randonnez, lors de votre arrivée renseignez-vous au bureau Big Sur Station). Durant l’hiver, des tempêtes violentes peuvent engendrer inondations et éboulements. Le plus grand glissement de terrain de l’histoire de Big Sur a eu lieu en mai 2017 quelques kilomètres au sud de Gorda. Les images sont vraiment impressionnantes. Après plus d’une année de travaux, la circulation a repris le 18 juillet dernier.
Cela permet de découvrir la partie Sud du littoral de Big Sur qui mérite aussi le détour. Les montagnes cèdent la place à une plaine côtière et à ses contreforts vallonnés. N’oubliez pas un petit arrêt à côté du phare de Piedras Blancas pour saluer la colonie d’éléphants de mer. De là, une petite route permet de se rendre sur une des collines avoisinantes où le milliardaire William Randolph Hearst a construit au début du siècle dernier un palais démesuré à l’architecture extravagante. C’est sans doute un des bâtiments historiques les plus insolites de Californie et, contrairement à de nombreuses autres résidences luxueuses, il est ouvert au public !
Pour le retour vers San Francisco, vous avez le choix. Si Big Sur vous manque déjà, vous pouvez faire demi-tour et prendre la route 1 en direction du nord. Si vous être pressés, rejoignez l’autoroute 101.