Mercredi, à l’International High School at Union Square. Le rappeur sénégalo-québécois Webster vient présenter son atelier d’écriture de rap. En français, bien entendu.
Une classe d’une vingtaine d’élèves l’attend. Ils font partie du French Heritage Language Program. Créé en 2005, ce programme “after-school” propose des cours en français aux jeunes francophones (africains pour l’essentiel) scolarisés à New York pour qu’ils continuent à pratiquer la langue de Molière. Il s’est associé avec la délégation générale du Québec à New York pour faire venir l’artiste.
Aly Ndiaye alias Webster “rappe” depuis 1995. De père sénégalais et de mère québécoise, l’artiste a grandi dans le quartier de Limoilou au Québec. Etudiant en histoire, il se spécialise dans la question du multiculturalisme au Canada. En 2009, il est contacté par le Musée National des Beaux-arts du Québec pour faire son tout premier atelier sur le rap.
C’est le début d’une longue série, qui l’emménera en Afrique et en Europe. “Depuis ce moment, je n’ai pas arrêté de perfectionner mes ateliers jusqu’à ce qu’ils prennent la forme que je souhaitais“. Pendant 1h30, l’artiste va, tour à tour, présenter son parcours, son art, et utiliser le rap pour décortiquer la langue française. L’occasion de parler français, d’apprendre de nouveaux mots…
Détendu, dynamique, il n’a aucun mal à séduire son auditoire. “Je vais vous expliquer comment écrire du rap mais plus que ça, comment utiliser le français de manière créative“. Il passe ensuite l’un de ses clips aux élèves, pour qu’ils découvrent sa musique. “Moi j’écris et je rappe, mon instrument c’est le crayon“.
Les questions pleuvent. “C’est ton métier d’être rappeur ?“; “On te paye pour faire des concerts ?“. Webster répond à tout sans détour. Au coeur de son message : le travail et la rigueur. “Je ne suis pas resté devant ma télé en rêvant de devenir rappeur, explique-t-il. J’ai été sur le terrain tous les jours, je n’ai pas arrêté de rapper“.
Pour lui, ces ateliers sont “une opportunité de présenter l’aspect littéraire du rap“. Et lorsqu’on lui demande comment il prépare ses interventions, il répond: “Je me contente d’être moi-même, la francophonie, c’est moi sur le moment mais c’est tout le monde dans la salle également“.