Préparez-vous à faire un bond dans le temps en poussant la porte de l’hôtel du Watergate : direction les années 60 mais dans une version très luxueuse.
L’établissement avait fermé ses portes il y a presque dix ans. Cent vingt-cinq millions de dollars ont été investis dans ce projet mené par Jacques Cohen, un entrepreneur né en France, et sa société Euro Capital Properties. Six ans plus tard, le Watergate est en passe de retrouver son statut d’antan au cœur de Washington, celui d’un terrain de jeu pour les puissants de ce monde.
Grands fauteuils orangés et design aux formes arrondies dès la réception: le lieu pourrait aujourd’hui servir de décor au tournage d’un James Bond, années Sean Connery ou Roger Moore. Dans le « Next whisky bar », clin d’oeil à la chanson des Doors, on trouve un impressionnant mur de bouteilles éclairées de l’intérieur et des alcôves qui laissent imaginer quelques rendez-vous organisés en toute discrétion.
Une escale au bord du Potomac
Comme dans un autre film de James Bond, années Daniel Craig celui-ci, c’est sur un écran tactile qu’il faut appeler l’ascenseur. Au fil des étages, un peu plus de 300 chambres, dont six suites diplomatiques et deux présidentielles. La moitié d’entre elles ont un balcon qui s’ouvre directement sur le fleuve Potomac. Toutes s’inspirent des cabines des yachts les plus luxueux avec des panneaux de bois aux contours arrondis. Et des verres en cristal.
Dans les années 60, le Watergate abritait une boutique Yves Saint Laurent. Rakel Cohen a, elle, choisi de faire appel à Janie Bryant pour dessiner les uniformes de tous les employés, du barman aux portiers. Janie Bryant? La costumière de la série Mad Men !
Un scandale ? On préfère s’en amuser
Evidemment, quand on prononce le mot « Watergate », on pense au scandale du même nom. Dans la nuit du 17 juin 1972, d’étranges cambrioleurs qui ont réservé les chambres 214 et 314 sont arrêtés dans l’immeuble, dont une partie abrite alors le siège du Parti démocrate. Ils ressemblent à des plombiers, ils sont en fait en train d’installer des micros. L’enquête révélera petit à petit leurs liens avec l’administration Nixon. Deux ans plus tard, le président américain n’a pas d’autre choix que de démissionner.
Un parfum de souffre flotte donc dans l’air mais les nouveaux propriétaires de l’hôtel ont choisi de ne pas le cacher. Mieux, ils s’en amusent ! Sur la clef qui vous servira à ouvrir votre chambre, ce message : « pas besoin de forcer la porte »…
« Cet hôtel a survécu au scandale politique, il était juste tombé entre les mauvaises mains. Nous voulons lui redonner sa gloire originelle, celle de l’adresse la plus select de Washington », résume Rakel Cohen, vice-présidente de Euro Capital Properties, en charge notamment du design. Mais la tâche n’a pas été facile pour les promoteurs, loin de là. « Ce bâtiment est un monument historique, qui plus est entouré de logements et de commerces dont les propriétaires sont très soucieux de préserver le futur du Watergate. Sa rénovation a donc été un vrai défi. Chaque angle du bâtiment est unique et l’ameublement a donc dû être conçu sur-mesure par des artisans », raconte Rakel Cohen, qui confie qu’une de ses sources d’inspiration a été le George V à Paris.
Le rooftop, baptisé « Top of the gate », n’ouvrira ses portes que cet été mais il promet déjà une terrasse avec une vue imprenable à 360 degrés : le fleuve Potomac d’un côté, le Washington Monument de l’autre et une perspective jusqu’au Capitol. Si les réalisateurs de la série House of Cards lisent ces lignes, ce serait l’endroit idéal pour tourner la prochaine saison…