Hors du temps sur la Cinquième avenue à New York, la paisible demeure Frick fait honneur à la faïence française jusqu’au dimanche 22 septembre 2019. Nichées dans la galerie Portico donnant sur les magnolias du jardin, les 75 pièces de céramiques exposées racontent l’histoire méconnue de ce savoir-faire arrivé en France au XVIe siècle.
Les objets, des plats aux assiettes d’apparat en passant par les pots, les jarres et autres pièces de table, proviennent tous de la collection de Sidney Knafel, qui les a rassemblées sur une période de cinquante ans.
« Ce sont des pièces exceptionnelles par la rareté de leurs formes, la qualité des dessins et leur condition parfaite. Elles n’ont pas de problème d’éclats ou de fissures », souligne Charlotte Vignon, commissaire des arts décoratifs de Frick Collection depuis plus de douze ans.
Le but de cette exposition ? « La faïence française est un sujet assez peu connu. Je trouvais que c’était un moyen formidable d’éduquer le public américain ou notre public en général à cette forme d’art français qui a plein de surprises », répond cette Parisienne d’origine.
L’exposition commence donc à Lyon, où les premiers artistes italiens importent la technique (le nom même de faïence est une francisation de la ville de Faenza en Italie). De Lyon, l’épicentre de ce savoir-faire se déplace à Nevers au XVIIe siècle, alors gouvernée par un prince italien.
La patte française s’affirme ensuite petit à petit et se retrouve à Rouen, avant d’être produite dans le sud de la France, à Moustiers ou encore Marseille au XVIIIe siècle, époque où les objets deviennent fonctionnels, raconte Charlotte Vignon.
« Ce sont des objets qui ont plein de charme parce que, même s’ils restent très raffinés, ils nous amènent directement dans le quotidien. On peut imaginer les gens se servir d’un pichet pour se laver les mains, d’un sucrier, d’une boite à épices », observe l’experte, qui a fait le choix de ne pas placer les objets sous vitrine pour accentuer l’effet de proximité avec les pièces. « C’est un endroit magnifique pour présenter de la céramique. Il faudrait d’ailleurs toujours voir les céramiques à la lumière du jour », relève-t-elle.
Si l’exposition de faïence française n’occupe qu’un espace restreint du musée, les visiteurs peuvent également profiter de la collection permanente du manoir, célèbre pour ses pièces de Fragonard, de Rembrandt ou encore de Vermeer. Jusqu’au dimanche 20 janvier, la Frick Collection propose également une exposition exhaustive sur l’orfèvre italien d’origine française Luigi Valadier, qui réunit pour la première fois les pièces du maître du XVIIIe siècle.