« L’inclusion, c’est une affaire de perception », lance Anne-Gabrielle Heilbronner, la présidente depuis 2017 de Women’s Forum, l’organisation basée à Paris et filiale du géant de la communication Publicis Group. Mercredi 29 mars, Women’s Forum USA met en avant la voix des femmes au siège de son partenaire du jour, l’ONG de Washington DC Vital Voices, fondée par Hillary Clinton, Melanne Verveer et Madeleine Albright. Ce sera une première édition outre-atlantique.
Selon le baromètre de Women’s Forum, près de 48% des Américains estiment qu’une femme ne peut pas « tout avoir » et doit choisir entre une carrière professionnelle et sa vie familiale. Seuls 33% des sondés français le pensent. « On voit qu’il y a encore des progrès à faire aux États-Unis », estime la présidente.
Anne-Gabrielle Heilbronner a un parcours à la hauteur des fondatrices de Vital Voices. Ancienne membre de l’Inspection générale des finances et ancienne élève de l’ENA, elle est également diplômée de l’ESCP et de Sciences Po et titulaire d’un DESS de droit. Après avoir exercé des fonctions au Trésor et dans plusieurs cabinets ministériels, notamment aux Affaires étrangères, elle a travaillé chez Euris/Rallye, à la SNCF et comme banquier conseil à la Société Générale Corporate & Investment Banking. Dans un monde d’hommes à la tête des plus grandes entreprises françaises, on comprend alors pourquoi elle s’est engagée dans la création de Women’s Forum en 2005. Après 18 années de conférence à Deauville, à Sao Palo, à Kyoto, à Milan, à Singapore… la voilà enfin prête à venir aux États-Unis.
« On sait que l’on a mis du temps, on se posait beaucoup de questions, mais il fallait que l’on vienne ici », explique-t-elle. Avec un quart des participants et des intervenants américains, sans compter sur la présence important de Publicis aux Etats-Unis, la question n’était pas quand mais « dans quelle ville ?». La ville de Chicago avait été abordée, mais la pandémie du Covid-19 a stoppé les recherches de l’organisation. Après avoir trouvé, en Vital Voices, « le même ADN, assez proche dans la manière de faire entendre les femmes » selon la présidente, Washington s’est révélée être l’endroit le plus optimal pour organiser cette journée autour de « la paix, la santé, le changement climatique » sous la thématique de « Time to connect ».
Quand la Cour suprême américaine révoque le 24 juin 2022 son arrêt historique Roe versus Wade, Anne-Gabrielle Heilbronner reste sous le choc. « J’ai vécu ça comme un grand pas en arrière, et que ça se passe aux États-Unis, un pays qui représente pour moi la liberté, après avoir libéré la France en 1944, c’était dur de voir ce retour en arrière pour le droit des femmes », confie-t-elle. Pour la présidente, la liberté des femmes de choisir et d’accéder aux mêmes opportunités que les hommes est centrale pour son organisation. « Notre manière de faire, c’est de démontrer que si une femme accède a un espace, à la table des décideurs, elle peut montrer ses compétences, souligne-t-elle, mais c’est aussi un moyen de montrer que les femmes peuvent apporter à tous ».
La question de la diversité et de l’intégration des femmes de couleur dans les mouvements féministes est une question importante aux États-Unis, ce que reconnaît Anne-Gabrielle Heilbronner. « Nous savons que c’est une question sensible ici aux États-Unis donc nous avons fait attention à inclure sur scène comme dans les participants les voix des personnes issues de la diversité », souligne-t-elle, mentionnant la présence de l’ancien Procureur général Eric Holder.
L’édition américaine sera plus intimiste que les éditions françaises. « Parfois, on n’est pas loin de 3000 participants mais pour DC, on sera environ 200 », explique Anne-Gabrielle Heilbronner. Women’s Forum USA réunira 42 intervenants du monde entier, parmi lesquels Diane von Fürstenberg de DVF, Nazanin Boniadi, actrice et ambassadrice d’Amnesty International UK, ou encore la journaliste du New York Times Francesca Donner. Pour les inscriptions, rendez-vous ici.