Dans une ville où le corps fait souvent l’objet de culte, où l’on croise régulièrement joggeur torse nu et filles en bikini, et où il fait quasiment tout le temps beau (plus de 30°C en ce mois d’octobre), vivre nu serait, selon ses adeptes, un vecteur de libération, de lâcher prise et le symbole du body positivisme, un mouvement qui combat l’image formatée du corps et qui prône la tolérance. Une pratique qui, du spa au yoga, en passant par les dîners nus, trouve aujourd’hui de plus en plus d’adeptes et de déclinaisons.
Pour une première expérience nue en public, et en toute légalité (seule l’ « exposition obscène » de son corps à l’encontre d’une personne pouvant être offensée et dérangée étant considérée comme crime sexuel), l’option la plus facile consiste à se rendre au spa coréen. Une tradition ancestrale et populaire en Corée, qui, contre une dizaine de dollars, permet de naviguer entre bassins d’eaux chaudes et froides. Celui du Beverly Hot Springs, parmi les références à connaître, devrait être démoli dans quelques mois. Avant le triste événement, on peut aller visiter ce monument du quartier de Koreatown ouvert depuis 40 ans. Un spa qui possède ses propres sources d’eaux chaudes minérales – celle situées à 670 mètres sous terre – dans lesquelles s’immerger en tenue d’Eve ou d’Adam, dans un décor de fausse caverne et de gentils buddhas, se relaxer, respirer entre hammam et sauna sans aucun regard poussif ou comportement inapproprié.
Autre tradition du spa coréen à faire les fesses à l’air, le gommage en arrière-salle – bien plus doux que la version turque – fait retrouver une peau de bébé en un instant (tarifs à partir de 80$). La communauté gay et queer a davantage ses habitudes au Wi-Spa, où le même esprit du spa coréen est proposée.
Dans la même veine « bien-être », la flotation therapy est la dernière tendance à suivre à Los Angeles. Si Pause, dont les studios se trouvent à Venice et West Hollywood et pionnier du genre, vient d’ouvrir dans le quartier de Frogtown, Quantum Clinic, un espace bordant la LA River, à l’atmosphère très holistique, qui propose un programme de relaxation complet commençant par une méditation avant l’immersion dans une capsule fermée (genre de réfrigérateur moderne) remplie d’eau salée où barboter pendant une heure (seul ou en duo), tout nu, et profiter du programme de chromothérapie, une technique qui lutterait contre la déprime et stimulerait la circulation sanguine. Testée et approuvée par French Morning, la séance de flottaison (à partir de 118$), fait ressortir complètement relaxé, et le bénéfice dure même quelques jours.
L’autre option, le naked yoga demande un peu plus d’ouverture d’esprit. Réservées principalement à la communauté gay (et leurs amis), les classes (en ligne ou sur place, à West Hollywood) organisées par Naked Warrior Yoga invitent à pratiquer les postures traditionnelles du yoga sans vêtement, et en groupe. Une pratique au premier abord intimidante, mais qui, rapidement fait oublier la nudité pour se concentrer sur la pratique. Le professionnalisme des instructeurs, l’ambiance chromatique tamisée, l’hygiène irréprochable des lieux rendent l’expérience étonnement agréable. D’autres déclinaisons du naked yoga sont proposées, combinant postures et fitness, mais aussi « sessions en groupe » incluant respiration, postures, et activités en duo, généralement conseillées aux habitués de la discipline.
Prônant l’acte de libération par la nudité, et « la célébration de son moi pur », la New-Yorkaise et artiste Charlie Ann Max s’est, elle, fait remarquée en proposant en septembre dernier le premier restaurant éphémère à Los Angeles où dîner nu comme un ver. Baptisés Füde experience, ces dîners déjà organisés à New York, San Francisco, Londres ou Paris, invitent généralement femmes et hommes autour d’une table à la mise en scène léchée, à goûter à des spécialités culinaires véganes, et à participer à des ateliers de méditation, de chant, de yoga, de dessin et même des cours de cuisine. Une affaire sérieuse, réclamant aux participants une inscription au préalable destinée à découvrir les règles de l’événement et à évaluer sa relation à la nudité. Le ticket d’entrée atteint 90$ à 100$ et pour ceux qui n’oseraient pas encore, la maison offre des sessions en ligne sur l’art d’être nu tout en cuisinant. Les prochaines dates à Los Angeles sont programmées les 3 et 10 décembre.
Enfin, s’il est logiquement interdit de circuler tout nu dans Los Angeles, il est néanmoins possible de faire du vélo nu comme un verre lors de la World Naked Bike Ride. Un événement organisé à Los Angeles depuis 2004 (généralement en juin), devenu mondial avec plus de 70 villes participantes, et qui, plus qu’une revendication naturiste pure, veut célébrer aujourd’hui les valeurs du body positivism. Plus de 400 cyclistes ont participé à la dernière édition, dont l’itinéraire est généralement communiqué quelques heures à l’avance seulement.