Lorsque Annie vint me voir pour la première fois, je fus frappé par son calme et son grand sourire. Si les gens avec qui je travaille sont loin d’être dépressifs -un coach n’est ni un psychologue ni un psychiatre- ils projettent tout de même une grosse frustration souvent enrobée d’angoisse, due a l’incapacité de résoudre le dilemme dans lequel ils se trouvent. «J’adore New York où je vis depuis sept ans avec mon mari et mes deux garçons. Je me sens bien dans ma peau, mais je vis une situation inhabituelle donc déstabilisante. Je n’arrive pas à trouver la réponse à une question qui me taraude l’esprit depuis un long moment: “et maintenant, que faire?”».
Annie a arrêté de travailler pour élever ses enfants qui ont maintenant 10 et 12 ans. Elle se rend compte aujourd’hui, sans amertume mais tout de même avec un peu de jalousie, que c’est la seule dans son foyer qui n’a pas d’identité propre. Elle est devenue «la maman de» et «la femme de». Pourtant, elle se dit prête a tout faire pour rajouter à la palette de sa vie d’aujourd’hui des couleurs qui n’appartiennent qu’à elle. «Je ne veux plus travailler dans une banque comme avant, je veux faire ce dont j’ai toujours eu envie. Je sais que c’est quelque chose de créatif, je sens que c’est là, figé dans mes tripes, mais je n’ose pas le sortir, je me sens un peu bête». Qu’est ce qui l’en empêche ? «La peur du regard des autres, la peur de me sentir vulnérable, mais avant tout je sais bien que c’est la peur de me lancer et de réaliser que je ne serai pas la meilleure à ce que je fais». Quand je lui dis que la pression qu’elle se met sur les épaules ressemble plutôt à une fausse excuse pour ne pas explorer ce qu’elle a toujours voulu faire, elle ne me contredit pas. «J’ai tendance à être ma pire ennemie tant je suis dure et exigeante avec moi-même. C’est comme cela que j’ai été élevé. L’aînée de la famille qui doit donner l’exemple à ses petits frères, encore et toujours. On m’a tellement poussé à être la soeur parfaite que j’ai l’impression d’avoir décliné ce concept dans tous les aspects de ma vie. Annie la parfaite écolière, la parfaite étudiante, la parfaite copine, la parfaite femme, la parfaite mère…c’est lourd à porter».
Avant de chercher à l’aider à exprimer ce dont elle a vraiment envie, Annie doit apprendre à conjuguer sa vie à l’imparfait.
Cela ne fut pas tous les jours faciles. Je reçus souvent des emails d’appel au secours entre deux séances, mais au bout de quelques mois, Annie commença à réaliser tous les bienfaits des actions entreprises dans sa vie quotidienne. «Je ne cherche plus à être un docteur lorsque l’un de mes fils est malade et je n’en ressens plus aucune culpabilité. Je ne cherche plus à être un chef cuisinier lorsque j’invite des amis dîner à la maison, et l’atmosphère est bien plus agréable et détendue pour tout le monde. Je m’accorde le droit de dire non à mon amie quand je ne veux pas faire quelque chose qu’elle me demande, et ce n’est pas fin du monde si je suis grognon lorsque mon mari rentre à la maison après une longue journée de travail. Je comprends maintenant que ce sont les petites imperfections de la vie qui en font sa richesse». Son mari est soulagé non seulement de voir superwoman laisser place à la femme qu’il avait épousée quinze ans auparavant, mais aussi de pouvoir laisser tomber son habit de superman qui ne lui a jamais vraiment collé à la peau.
Annie est maintenant prête à répondre à la question posée le premier jour de notre collaboration. «C’est incroyable Nicolas, en trois mois de travail ensemble, nous n’avons pas parlé une seule fois de ma créativité et de quelle façon elle pourrait se traduire en activité professionnelle. J’ai l’impression d’avoir fait tout un travail en aval qui a complètement dégagé mon horizon. La réponse n’était pas seulement dans mes tripes, mais aussi au bout de mon nez. Je ne pouvais la voir tant mes attentes étaient élevées». Finie la jeune femme bloquée et sans réponses, la voilà légère et déterminée. «J’ai toujours pris des photos, partout et sur tout. Je vais m’inscrire à des cours rapidement, sans pression, sans vouloir être parfaite, juste par pur plaisir et envie. Ce n’est pas une lubie ou un caprice d’enfant, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, mais un jour, il y a très longtemps, j’ai décidé arbitrairement que je ne pourrais jamais en vivre. C’est peut-être vrai, mais cette fois ci, je veux le découvrir par moi-même».
Annie n’a plus besoin de mon aide. Nous ressemblons à ces vieux couples que l’on voit parfois au restaurant et qui n’ont plus rien à se dire, sauf des banalités. Il y a toujours un côté touchant lorsqu’une collaboration prend fin. On a tant donné l’un à l’autre qu’il est difficile de lâcher prise. Je l’ai emmené au bord de la falaise, je la rassure et lui dis que c’est maintenant à elle de prendre son envol, c’est elle l’experte de sa vie.
Elle m’envoya quelques mois plus tard des photos qu’elle avait prises récemment, dont l’une de son mari. Son professeur en avait fait le sujet principal de l’un de ses cours tant ce portrait était éblouissant de vérité et d’émotions. «Je le sais, j’ai une certaine facilité à exprimer ma vision du monde avec l’aide de mon appareil photo. Je ne sais pas encore ou cela va me conduire, mais ce qui est amusant, plutôt bon signe et définitivement ironique, est que mon prof trouve que c’est justement mon manque de technique, et donc les imperfections que cela entraîne, qui fait que les gens connectent si bien avec mes photos».
Pour en savoir plus sur ce qu’est le coaching avec Nicolas Serres-Cousiné, visitez www.monlifecoach.com
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Toujours un vrai plaisir de vous lire.
Tout le monde devrait avoir son Life Coach sur une periode donnee!!!
Annie donne l’impression d’être encore en France, le regard des autres….. c’est justement çà qui est bien à New York, il n’y a pas de regard des autres. L’Amérique aime les créateurs et ici même une erreur de parcours n’est pas jugée comme une lacune. Donc allez y Annie “unleash your creativity “