“On rêve tous d’être ici“. Yvon Champalle, directeur commercial chez Trouillet, ne cache pas sa joie.
Il fait partie de la trentaine d’exposants français présents, jeudi dernier à Manhattan, au salon du textile Preview Première Vision. Avec 131 exposants, 3500 visiteurs par jours et 15 éditions à son actif, ce salon est devenu depuis 6 ans le rendez-vous incontournable de tous les designer américains. « La taille et l’éloignement du marché américain nous obligent, pour promouvoir nos entreprises sur ce marché, à aller au devant des clients» souligne Philippe Pasquet, Président du groupe Premiere Vision.
Le salon est l’occasion de montrer son savoir-faire. “Ce salon nous permet de voir nos clients ou futurs clients. Nous avons alors une idée assez précise de l’état du marché pour pouvoir affiner, plus tard, nos productions” explique Yvon Champalle. Il s’agit donc, avant tout, d’établir un conctact, car ici les visiteurs n’achètent pas, ils regardent. “Je ne viens pas ici avec une idée précise. Si quelque chose m’intéresse, je peux commander des échantillons mais pour travailler avec le tisseur il nous faudra d’abord établir une relation sincère, ce qui demande du temps” confie Hervé Pierre, directeur créatif chez Caroline Herrara.
Une première vue
Ce rôle d’intermédiaire, Preview Première Vision l’a plus que tout autre salon. “La particularité de l’exhibition New Yorkaise est que c’est une Preview” souligne le Directeur. ” Nous exposons au marché américain un premier échantillon de ce que seront les tissus pour la collection automne-hiver 2008. Les clients peuvent ensuite revenir dans notre salon à Paris où ils retrouvent les même fabriquants. » résume t-il. Et le salon marche. Yvon Champalle, présent à chaque édition, estime avoir “rempli son carnet d’adresses” dans ce salon. “Nous avons passé de nombreux contrats avec des gros mais aussi des petits acheteurs”. Pierre Bonneville, réprésentant de Jules Tounier, est quant à lui satisfait d’avoir trouvé ici “de nombreux clients américains venant de la côte Est mais aussi de la côte Ouest“.
La baisse du dollar comme nouvel écueil
La conquête de nouveaux clients est évidemment clé pour des tisseurs toujours confrontés aux differentes crises du textile. Le raprochement avec le marché américain est devenu essentiel depuis la baisse ininterrompue du dollar. En effet, certains petits acheteurs américains avoue “ne plus faire le trajet jusqu’en Europe par peur d’un budget voyage trop élevé” glisse Yvon Champalle. “Cette baisse est inquiétante” reconnaît lui aussi Stephen Hermannowicz, Directeur général de Pastels France, “cela va avoir un impact sur nos tarifs et nous rendre impopulaire” ajoute t-il. Pierre Bonneville se veut plus alarmant pour sa frabrique de twid : “c’est catastrophique. Lorsque l’Euro valait 1,20 dollar, les clients râlaient mais ils achetaient. A 1,40, ils n’achètent plus et vont voir ailleurs“. Propos tout juste atténués par Kelly Simpsons, une jeune designer New Yorkaise: “l’euro fort est un vrai problème pour moi. Je regarde à deux fois avant d’acheter. Il faut vraiment que ça me plaise pour que j’y mette le prix“.
Une crise éternelle?
Aux problèmes de conversion monétaire, s’ajoute l’éternelle crise du textile face à la concurrence des pays émergeants. “Il y a une crise du produit fini” souligne Micheal Touati, représentant de France Textile Fabrication, “tout les tissus présents dans ce salon, les pays asiatiques peuvent les faire pour presque rien. Même si la qualité est moindre, le vrai danger est là” ajoute t-il. La concurrence est d’autant plus rude que certains salons visant à promouvoir les fabricants asiatiques sont organisés en même temps que les shows du type Preview Premiere vision.
Pour autant, Philippe Pasquet, le Directeur du salon estime que la situation n’est pas désespérée:” les tisseurs français réussiront toujours à assurer leur perennité à condition qu’ils innovent en permanence et surtout qu’ils soient en avance sur la mode“. Dans ces conditions gare aux retardataires.