Sur les campagnes de pub, Vitalie Taittinger est aussi blonde, pétillante et glamour que le champagne familial. Dans la vraie vie, l’égérie et héritière de la célèbre maison champenoise est une fille nature, avec la tête sur les épaules et l’amour du terroir chevillé au corps.
«Mon rôle, en tant qu’ambassadrice, c’est avant tout d’incarner l’idée que nous sommes une maison humaine et familiale, et ce depuis 1932» explique la jeune trentenaire, également directrice artistique et marketing de l’entreprise, de passage à Los Angeles, où elle s’est récemment associée avec la boutique de vins 100% française « Heritage Fine Wines».
L’enseigne tenue par son ami, Jordane Andrieu, en plein cœur de Beverly Hills, constitue la principale vitrine du champagne Tattinger en Californie. Huit références de la célèbre maison y sont représentées, dont sa plus prestigieuse cuvée: celle des “Comtes de Champagne Blanc de Blancs”.
“Il est primordial pour moi de travailler avec des gens avec lesquels je partage les mêmes valeurs: un véritable intérêt pour le terroir, la volonté d’aller vers des méthodes de culture plus naturelles…” précise la jeune femme, dont le vignoble familial est passé à la viticulture raisonnée en 2012, avec l’enherbement de 90% de ses parcelles (afin de limiter l’usage des herbicides).
Un système de distribution complexe aux Etats-Unis
Pour la maison Taittinger qui réalise 75% de ses ventes à l’export et vend chaque année plus de 4 millions de bouteilles à l’étranger, les Etats-Unis représentent le troisième marché après la France et la Grande-Bretagne. « Même si nous mettons l’accent sur l’ensemble des Etats-Unis, nous privilégions certaines régions comme la Californie où le champagne est populaire et où il y a encore du potentiel à développer”, explique Vitalie Taittinger.
“L’une des difficultés du marché américain, c’est son système de distribution, le “Three Tier System”, qui remonte à l’époque de la Prohibition et qui n’a pas changé depuis !” ajoute-t-elle.
“Ce système impose que le vin importé passe par trois intermédiaires (importateur, distributeur et détaillant), avant de parvenir au consommateur. Ce qui rend les choses très compliquées pour nous”. D’autant que chacun de ces intermédiaires prend une commission d’environ 30%.
Mais il en faut bien plus pour décourager Vitalie Taittinger. De la Californie au Brésil en passant par le Japon, la jeune femme, mère de trois enfants, parcourt la planète depuis 2007, date à laquelle elle a rejoint l’entreprise familiale, dans un contexte alors compliqué.
A l’époque, son père, Pierre-Emmanuel Taittinger, vient tout juste de reprendre les rênes de la société, au terme d’une difficile bataille. «En 2005, l’entreprise dirigée par mon oncle (ndlr: qui en plus des champagnes Taittinger, comprenait aussi le Crillon, le Lutetia, et le cristallier Baccarat) avait été vendue au groupe américain Starwood. Deux ans plus tard, mon père s’est associé au Crédit Agricole, pour sauver et racheter l’activité Champagne, explique-t-elle. C’est en le voyant se battre comme un lion, que j’ai compris à quel point c’était important pour lui. Sa leçon de courage m’a convaincue de rejoindre l’entreprise familiale avec mon frère Clovis».
Une marque relookée pour plaire au marché étranger
Depuis son arrivée, Vitalie Taittinger n’a pas chômé, mettant à profit son expérience de graphiste et son diplôme des Beaux-arts, pour entamer un véritable relooking de la marque, visant notamment à séduire le marché étranger: “nous avons revisité et clarifié l’étiquetage, et développé de nouveaux packagings originaux, afin de gagner en visibilité”.
Comme d’autres grandes maisons françaises (Moët & Chandon, Mumm ou Roederer), Taittinger a aussi choisi de s’implanter en Californie, pour y développer des vins pétillants, selon la méthode champenoise: son domaine de Carneros, dans la Napa Valley, compte 130 hectares de vignobles et produit chaque année entre 700 000 à 800 000 bouteilles de “sparkling”.
Rien à voir, cela dit, avec le vrai champagne français, qui pour Vitalie Taittinger incarne “l’esprit de la fête” à la française. “J’ai de très nombreux souvenirs d’enfance autour du champagne: j’ai grandi avec les rituels des vendanges et petite, j’adorais tremper mes doigts dans les coupes, pour en récupérer quelques gouttes, à la fin de l’apéritif ! se souvient-elle en riant. Aujourd’hui, je suis vraiment fière de participer à cette grande aventure familiale”.