La post-pandémie qui vient fait beaucoup fantasmer: on nous promet de nouvelles Années Folles, une période d’exubérance créative qui succéda à la Première Guerre mondiale -et à l’épidémie de grippe espagnole. Peut-être… Mais une chose est sûre: lorsqu’ils ne peuvent se produire en public, les artistes n’en créent pas moins, au contraire. Les mois qui viennent nous réservent donc de belles surprises artistiques, tel l’album de la chanteuse française de New York, Violette, qu’elle sort en juin et dont elle a commencé la promotion en sortant deux singles en avant première.
‘Only love’ est un album-concept: l’autrice-compositrice chante sept morceaux qui sont chacun consacrés à un des mots signifiant « amour » en grec ancien (d’Eros bien-sûr à Philia, l’amour affectueux, en passant par Storge, l’amour filial, ou Philautia, l’amour de soi…). Mais au-delà du « concept », ce n’est pas par hasard si ce fruit de l’amour est bilingue. « Certaines me sont venues en anglais, d’autres en français », raconte cette enfant de l’île de Ré, venue aux Etats-Unis pour étudier la musique (au prestigieux Berklee College of Music, à Boston) et devenue depuis franco-américaine, après avoir épousé un Américain, réalisateur notamment de certains des clips de la chanteuse.
Travailler autrement
A sa manière, cet album est aussi un enfant de la pandémie. « Le confinement m’a forcée à travailler différemment, raconte Violette de Bartillat (de son nom complet; Violette tout court sur scène). En principe, je suis très old school, j’aime travailler avec tous les musiciens, tous ensemble dans un studio. Cette fois il a fallu faire différemment, nous avons travaillé chacun dans notre coin et finalement cela m’a permis de travailler avec des gens différents, répartis partout dans le monde. Ca a été une découverte heureuse! ».
Les musiques aux accents jazzy, résolument ancrées dans la « soulful pop », ont du Norah Jones (pas par hasard là non plus: le producteur de l’album Brian Bacchus et l’ingénieur du son Jay Newland ont tous deux travaillé avec la star américaine). Mais elles ont aussi pour certaines résolument l’accent français, comme Fille à Papa, le single sorti ce mois-ci (voir le clip ci-dessous).
Ce mélange des racines américaines et françaises est au coeur de la musique de Violette. « Quand je suis venue aux Etats-Unis, c’était pour étudier le jazz et la musique afro-américaine, raconte-t-elle, mais paradoxalement c’est aussi en déménageant aux US que j’ai redécouvert le répertoire français, à force qu’on me demande de chanter du Piaf ». De ce goût persistant aux Etats-Unis pour « la môme », elle va même se servir pour lancer sa carrière, puisqu’elle créé un groupe, La vie en rose, qui mélange chanson française et standards du jazz. Le groupe se fait une place dans les salles new-yorkaises, et au-delà, jusqu’en Asie, même, sans que Violette ne se sente pour autant jamais prisonnière du fantôme de Piaf. « Au contraire, nous sommes très libres avec La vie en rose, on s’amuse à partir de cette base de chanson française ; et puis surtout je suis très reconnaissante d’avoir pu, grâce à mon arrivée aux Etats-Unis, redécouvrir cette chanson française de tellement grande qualité, qui a finalement nourri mon travail en solo! ».