Cette semaine encore, la victoire de Martine Aubry à la tête du Parti Socialiste fait les gros titres de la presse américaine. Mercredi 26 novembre, pas moins de trois articles lui sont consacrés: dans le Wall Street Journal, vous retrouverez un récapitulatif factuel du vote; Bloomberg News insiste sur l’affaiblissement du parti de Gauche face à un Sarkozy sarcastique; et Tracy McNicoll, dans un éditorial de Newsweek, reprend les paroles d’un militant socialiste qui déplore qes dirigeants “sentent tous la naphtaline” (“France’s socialists: the mothball party”). Les temps s’annoncent durs pour la nouvelle secrétaire générale du PS, commente la journaliste,qui débute son récit par l’investiture de Martine Aubry: un discours poussif, qui peine à électriser les foules, on remarque même des chaises vides dans l’espace presse. Par contraste, lorsque Ségolène Royal monte sur scène, c’est soudainement la cohue. Dans une tentative désespérée pour obtenir un cliché, un photographe se retrouve la face contre terre et les quatre pieds en l’air.
Durant toute la durée de son mandat, la première secrétaire devra sans cesse défendre sa légitimité, insiste Tracy Mc Nicoll. Et ce n’est pas la pire des difficultés qui l’attendent. Elle devra également se faire entendre face à Nicolas Sarkozy, omniprésent, qui monopolise la scène politique français depuis maintenant plus de dix-huit mois, sans oublier la préparation des élections européennes de 2009 et celles, régionales, de 2010, ou le PS a tout à perdre, puisqu’il avait presque tout raflé en 2004…
Si la gauche va mal, la presse de gauche aussi, avec l’arrestation musclée cette semaine de Vittorio de Filippis, ancien patron du journal Libération. Dans un récit heure par heure, Edward Cody du Washington Post, rapporte des supposées brutalités policières et une garde à vue contraire aux libertés individuelles et à la protection des suspects.
La Police parait plus douce et inoffensive qu’un agneau égaré, lorsqu’on lit quelques jours plus tard le descriptif fait de la Légion Etrangère française dans le New York Times. Pour sa chronique “Camp Szutz Journal“, Simon Romero s’est plongé dans le quotidien des légionnaires en mission en Guyanne Française, et affectés à la protection du Centre Spatial de Kourou. Au programme de la journée, la chaleur et l’humidité de la jungle, des rongeurs en guise de repas, une petite nage digestive au milieu des caïmans, et pour se désaltérer, l’eau boueuse de la rivière, sans oublier tous les autres dangers habituels de la jungle (scorpions, insectes etc…).
Et le soir, c’est le Bar des Sports de Kourou, du whisky et des femmes pour ces recrues étrangères venues de plus de 140 pays différents. Des durs à cuire donc, mais qu’on se rassure “on ne prend plus de criminels, de meurtriers ou de violeurs” confie le Capitaine Samir Benykrelef, commandant du camp. Les Américains ne représentent que 1% des effectifs: ce sont des petites natures aux dires des plus anciens.
Sans une bande d’espagnols fanatiques, tous les États-Unis parleraient peut-être aujourd’hui français. C’est la thèse soutenue par un éditorialiste du New York Times, qui nous propose de remonter le temps jusqu’en 1564, cinquante ans avant le Mayflower américain. A cette époque, les premiers colons à débarquer sur les rivages des États-Unis, plus exactement ceux de la Floride, sont des Français, aussi surprenant que cela puisse paraître. Ce sont tous des Calvinistes, des Huguenots comme on les appelle alors, qui fuient les persécutions religieuses qui déchirent l’Europe. Ils établissent une petite communauté baptisée Fort Caroline, en l’honneur du roi Charles IX. Mais en 1565, les Espagnols, catholiques, et conduits par l’Amiral Pedro Menéndez, décident de les chasser de cette terre promise. A coup de massacres sanglants, les Français sont éradiqués, et c’est ainsi que les premiers pèlerins de l’Histoire nord-américaine disparaissent de la surface du continent, et des mémoires. De quoi ébranler le mythe des Pères Fondateurs, explique l’éditorialiste Kenneth C. Davis, qui souligne que l’Histoire des États-Unis est une histoire sanglante, marquée par les haines fratricides, l’ignorance et les croyances aveugles. En ces temps de Thanksgiving, il demande de faire honneur au souvenir des ces premiers Français oubliés.
L’actualité de la semaine ne saurait être complète sans quelques nouvelles de Nicolas Sarkozy! Un article de Forbes, daté du 30 novembre, s’intéresse à la suite et fin de la saga judiciaire de sa poupée vaudou. C’est donc désormais légal de l’acheter, mais déconseiller de pratiquer des mauvais sorts dessus. On retrouve beaucoup d’ironie dans le ton du journaliste, qui rapporte la décision de la Court d’Appel de Paris, et questionne la logique de mettre un tel avertissement sur les boites: “Pratiquer des sorts vaudou sur la poupée de Nicolas Sarkozy porte atteinte à la dignité de sa personne“. En tout cas, c’est un réel soulagement pour le fabriquant, qui, face au succès de ce jouet, était déjà en rupture de stock dès le 18 octobre. La véritable question, c’est maintenant: pourquoi Sarkozy serait-il le seul infortuné à être livré aux mauvais esprits? Que l’on se rassure, il n’y aura pas de jaloux, puisque la poupée de Ségolène Royal est en préparation.