C’est l’histoire d’un type qui s’entête à rester à New York pour reconquérir la femme qu’il aime. Ce type, c’est Vincent Macaigne, cet acteur, réalisateur et metteur en scène devenu en trois ans une sorte d’icône du jeune cinéma français (“Tonnerre”, “Deux automnes, trois hivers”, “Eden”, “Tristesse Club”).
En France, il est à l’affiche depuis le 11 février d’ “Une Histoire Américaine”. Ce deuxième long-métrage d’Armel Hostiou sort le 10 mars aux Etats-Unis, sous le titre “Stubborn”. Un film sur New York, le statut de l’étranger, le rapport hostile que cette ville peut entretenir avec ses nouveaux arrivants. Vincent Macaigne y joue un trentenaire paumé à la calvitie naissante, qui parle anglais avec un fort accent français.
Un personnage qui n’entre pas exactement dans la case du “Frenchy” charmeur perdu à New York, à la Melvil Poupaud dans “Broken English” ou Romain Duris dans “Les Poupées Russes”.“En fait, je joue un rôle de Francais un peu sale, un peu méchant, un peu agacant. Je ne suis pas charmant, le film ne laisse pas de place au charme d’ailleurs, et cela devient une tragédie”, dit-il par téléphone, tout en marchant quelque part en Pologne, où il tourne un film en costumes d’Anne Fontaine.
“Une Histoire Américaine” a été tourné de manière “très libre, sans scenario”, affirme Vincent Macaigne. “Armel m’a proposé cette idée et deux semaines plus tard on était dans l’avion. On a trouvé des acteurs rapidement sur place, on n’était pas payé, ça s’est fait à l’arrache, sans budget, au débotté. C’était pour le geste : on voulait essayer quelque chose, et voir ce qui allait se passer”, explique l’acteur, qui a aussi participé à l’écriture du film.
Le tournage a eu lieu en deux temps, en 2012 et 2013, à Harlem, Manhattan, Brooklyn, et dans le Bronx. L’équipe logeait au fin fond de Brooklyn, près du métro Kingston Avenue à Crown Heights, puis pour le second tournage, encore plus loin. “Je ne me souviens plus où exactement mais ça craignait un peu…. C’était au-dessus d’un resto du coeur où il y avait des gens pas très bien, des malades, des mutilés.”
A une époque où beaucoup de Français s’enthousiasment pour New York, Vincent Macaigne reste assez imperméable à tout cela. “Les gens adorent New York, moi j’aime bien, mais je suis pas un grand fan, c’est pas la ville dont je rêve. C’est une très grande ville, je n’ai rien contre, on peut y vivre heureux, mais je ne ressens pas nettement cette énergie dont les Français parlent”, avance-t-il, avec cette manière de dire une chose, de revenir en arrière, de refuser toute forme de schématisation.
“Tout ce côté hispter, ça me parle pas trop”, poursuit-il. Le New York qu’il préfère se situe plutôt dans les lisières. Dans le Bronx. Ou du côté des docks de Red Hook, où l’équipe s’est rendue pour un repérage. “C’est très beau là-bas, il y a quelque chose d’assez sauvage.”