De l’extérieur, on a l’impression que Vin sur Vingt est un business qui roule, mais Sébatien Auvet est loin de s’enflammer. “On s’en sort. Ça bricole, ça bricole”, répond le patron de cette mini-chaîne de bars à vins à New York.
“Il faut faire toujours attention, maintenir la qualité, maîtriser les coût. Les gens pensent que c’est facile, mais c’est un travail de chien. Je me couche tous les jours à 2 heures, réveil à 6 heures. Sans travail, t’as rien. Mais mine de rien, j’en suis maintenant à mon quatrième bar”, lâche ce Français.
Vendredi 10 juin, Sébastien Auvet ouvrira un bar à vins Upper West Side (sur West 84th), l’ultime antenne de Vin sur Vingt après Flatiron, West Village et l’intérieur du Plaza.
Dans chacun de ses bars, Sébastien Auvet veille au grain. Tous les matins, il fait son petit tour, inspecte qu’une ampoule a bien été bien changée, que les caves à vin réfrigérées derrière le comptoir sont bien remplies.
On le rencontre dans le bar de Flatiron. Déco classique, selon l’image qu’ont les Américains du bistrot parisien : grand bar, miroirs, boiseries, posters de Paris, bouteilles de vins alignées. Tout est nickel, chic, et un peu lisse. Pas question de laisser-aller : le concept de Sébastien Auvet, c’est un bar à vins français avec des standards américains.
Le véritable intérêt du lieu, c’est la carte des vins : une cinquantaine de références. “On a des super vins bios, bio-dynamiques, des trucs en direct import, avec des prix très compétitifs pour la qualité.”
Pour accompagner, la cuisine sort quelques petits plats – charcuterie, fromages, tartines. Le patron organise aussi quelques évènements, des dégustations, des soirées “Black Wall Night” (pas de carte, c’est le serveur qui choisit), des apéros avec des huîtres à un dollar pièce…
Sa clientèle est essentiellement américaine.“Très féminine, beaucoup de copines, ou des collègues qui sortent du bureau, et énormément de “dates”, surtout dans celui du West Village.”
“On a aussi beaucoup de connaisseurs. Les Américains, quand ils aiment le vin, ils ne le font pas qu’à moitié. Beaucoup prennent des cours, se documentent, sont hyper calés. En France, on a davantage tendance à vivre sur nos acquis”, critique Sébastien Auvet, qui a grandi à Paris et a débuté sa carrière dans les établissements du groupe Bertrand. “A un moment, je me suis dit : la France, c’est bien sympa mais on ne va pas s’éterniser.”
Arrivé à New York en 2003, il a travaillé dans divers restaurants (en particulier Le Bateau Ivre) avant de lancer son premier Vin sur Vingt dans le West Village en 2011, avec l’aide d’un investisseur.
Son dernier bar, Upper West Side, vise une clientèle de quartier. “Il y aura 30 places assises et le même genre de déco.” A l’heure où les bars ouvrent et ferment à la vitesse de l’éclair et où il existe déjà à New York une poignée de bars à vins français, le pari n’est pas sans risques. “Je touche du bois… On a un bon lease, et c’est essentiel. Plus c’est grand, plus ça coûte au patron, et ça peut devenir très dur à rentabiliser si c’est calme”, dit-il. La recette, jusqu’ici, s’est avérée gagnante.