Deux fois par semaine, les lecteurs de French Morning nous soumettent leurs problèmes liés à l’expatriation et nous essayons de les aider.
Aujourd’hui, le récit de Karim dont le changement de vie ne doit pas masquer des questions plus importantes.
« L’idée de venir vivre aux États-Unis a toujours fait partie de l’ADN de notre couple alors que nous venions, Claire et moi, de familles profondément enracinées en France et, disons-le, plutôt anti-américaines. Mais ni elle ni moi n’avions choisi des métiers pour lesquels l’expatriation était envisageable. Il a fallu un peu forcer le destin, et ça a pris du temps. J’ai eu une première opportunité qui a correspondu à un moment où nous faisions une pause, chacun de notre côté. Je ne me suis pas vu partir sans elle ni mon fils.
Plus tard, et alors que nous avions repris notre vie commune, c’est au tour de Claire de recevoir une proposition pour une mission de deux ans à Boston, sauf qu’elle est tombée enceinte. Nous sommes restés en France.
Le temps a passé, nous avons eu un troisième enfant. Cela n’allait plus du tout entre nous. Je crois que l’un et l’autre pensions à nous séparer sans nous l’avouer. Nous étions à bout de souffle, sans projet.
C’est à ce moment que j’ai été contacté par une entreprise en Floride qui a déroulé le tapis rouge pour nous faire tous venir. Nous avons alors connu six mois d’excitation et d’euphorie. Rien n’était trop beau. L’entreprise nous a payé une semaine d’hôtel, tous les cinq, pour que les enfants découvrent la Floride et ne soient pas dépaysés. Elle nous a aussi aidés à trouver la meilleure école et une maison dans le bon quartier de Miami. Nous avons fait, Claire et moi, plusieurs allers-retours, sans les enfants, dans des conditions exceptionnelles, pour prendre nos marques et ces jours au soleil en plein hiver, cette insouciance et l’attrait de la nouveauté nous ont fait un bien fou.
J’ai signé. Claire a démissionné et nous nous sommes installés fin juin de cette année. Les premières semaines ont été magiques, malgré la chaleur. Les enfants ont adoré la piscine et nous avons tout de suite été intégrés dans la communauté française. Orlando, les Keys, on a loué un bateau… Le paradis.
Mais, dès la rentrée, les problèmes que nous avions cru derrière nous sont revenus avec une rapidité et une intensité que je n’aurais pas imaginées. Je n’en revenais pas. Nous avions tout ce dont nous avions toujours rêvé !
J’ai été contraint d’admettre que l’expatriation n’était pas une solution. Claire et moi avons nos problèmes que nous devons affronter ensemble. Parce que non : une jolie maison avec piscine ne résoudra jamais rien. »
La réponse de French Morning
Merci, Karim, pour votre témoignage. Vous êtes le premier à nous parler de votre couple.
Les émotions que vous ressentez sont sans doute moins tranchées que les témoignages précédents, mais Michelle Larivey parle dans son livre de référence : La puissance des émotions, de « Confusion d’évitement ».
Qu’est-ce que la confusion d’évitement ?
«La confusion n’est pas une émotion en soi : elle désigne plutôt un état intérieur.
À quoi set la confusion d’évitement ?
C’est une manière indirecte de dire non, sans l’assumer ouvertement. Soit que nous ne soyons pas tout à fait conscients de notre réticence, ce qui la rend difficile à assumer, soit que nous en soyons conscients, mais refusions d’en tenir compte. La confusion vient alors à notre rescousse, en quelque sorte.
La confusion est une nouvelle illustration du fait qu’il est impossible de tromper notre organisme. Même quand nous réussissons à nous illusionner, il nous trahit. Lorsque nous tentons de sauver la face, il fait des vagues. Et dans le cas où nous nous abstenons volontairement de prendre en compte notre vécu réel, il réagit en provoquant un blocage. La confusion d’évitement est un des moyens auxquels il peut recourir pour nous adresser un message. Elle nous force donc à respecter ce que nous éprouvons en nous évitant d’avoir à en porter complètement la responsabilité.
Que faire avec la confusion d’évitement ?
Le seul fait de regarder en moi-même et de me rendre attentif à la confusion me permettra d’identifier rapidement ce qui domine dans mon expérience immédiate. J’ai alors le choix de faire de la place à ce que je vis et, si je le désire, d’en informer mon interlocuteur. Si porter attention à la confusion ne suffit pas pour en sortir, l’écriture peut aider à y parvenir. Je mets sur papier, dans l’ordre où ils apparaissent dans mon esprit, les pensées, les sentiments, les réactions et je tente, par la suite, de cerner le plus important. Le même exercice peut être fait à haute voix; il donnera un résultat identique. Lorsque je laisse ce qui a le plus d’importance prendre de la place, la confusion disparaît. »
Pour compléter cette approche, je vous recommande Les 12 lois du bonheur amoureux et sexuel, de Pascal de Sutter et Julie du Chemin.
«Laisser l’évolution naturelle suivre son cours ne suffit pas
La nature d’un amour, d’une rencontre, d’une personne, si merveilleuse soit-elle, ne permet pas de rester heureux et amoureux sur le long terme. Laisser les choses aller d’elles-mêmes ne fonctionne tout simplement pas.
C’est notre choix de laisser notre vie amoureuse et sexuelle en friche ou d’en prendre soin en y mettant de l’énergie.
Ce choix nous appartient et personne ne nous oblige à y consacrer du temps, de l’argent et des pensées positives.
Il est plus facile de ne pas mettre d’énergie que l’inverse.
Cela prend du temps, de l’argent, de la force physique et mentale d’aimer un être humain et ce n’est pas reposant. En plus, il faut sans cesse recommencer, sous peine que les mauvaises herbes ne reviennent et abîment la relation.
Nous ne récoltons pas tout de suite les fruits de nos choix et de nos investissements d’énergie
Cela vaut la peine d’apprendre la patience en amour et dans le sexe. Car plus on arrose ce qui est précieux, plus cela croît, peut s’ouvrir et s’épanouir.»
📆 Retrouvons-nous dans 15 jours avec l’histoire de Manon qui ne sait pas comment donner confiance à son enfant.
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