Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres sur l’épanouissement personnel.
Aujourd’hui, le récit d’Alexandre et ses dix années passées à travailler.
« J’ai été embauché par une start-up à San Francisco en 2015, à 25 ans. C’était mon rêve, mon rêve américain. Vous noterez qu’il y a quelque chose d’ambigu dans cette expression : le rêve n’est pas la réalité, non ? On devrait se méfier. Quoiqu’il en soit, je me donnais dix ans pour trouver ma place ici et, pourquoi pas, monter ma boîte.
Dix ans ont passé et je n’ai pas monté ma boîte. Pas grave. J’ai collectionné un certain nombre de jobs intéressants en passant, évidemment, par la case Google. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être assez libre, de pouvoir faire ce que je veux. L’Asie me tente bien.
Mais lorsque je me suis retrouvé au lit, un samedi soir, mon laptop brûlant sur les cuisses et, à côté de moi, mon compagnon dans la même attitude, je me suis dit que j’avais peut-être raté quelque chose. Nous avions d’abord été colocs. Il était diplômé de l’Indian Institute of Technology qu’il avait complété par un Ph.D. ici. Autant vous dire qu’il n’a eu aucun problème à trouver un job. Je crois que j’ai compris avec lui ce que c’était que vraiment bosser.
Comme notre appartement était vraiment petit, je dormais dans un canapé-lit et lui dans la chambre. Il gagnait beaucoup plus que moi. Au bout de quelques semaines, on s’est dit que ce serait quand même plus pratique que je dorme avec lui, et nous voilà ensemble depuis presque dix ans.
Il a toujours été ma locomotive. Je ne serais jamais arrivé là où j’en suis, sans lui, lui qui a toujours eu une longueur d’avance sur moi. Ça m’allait bien de viser toujours plus haut. Je n’étais pas dévoré par l’ambition, mais disons que j’avais des facilités. Avec lui à mes côtés, j’ai compris ce que voulait dire le mot « réussite ».
Mais… Si je reviens à ma place dans ce lit, un samedi soir, en train de travailler, je me demande ce qu’il reste de mes dix années à SF, de mes dix années avec Deepak. J’ai l’impression d’avoir à peu près tout sacrifié de ce qui fait le sel de nos vies et même de notre relation, au nom du travail.
Et si je retire le travail de ma vie, que reste-t-il ? Un grand vide ? Donc, si c’est ça, le rêve américain, bosser sans arrêt, je devrais peut-être m’en trouver un autre. »
La réponse de French Morning
Merci pour votre témoignage, Alexandre. Voici ce que Michelle Larivey dit du « vide » dans son ouvrage La puissance des émotions :
« Le vide est l’expérience que je fais quand j’ai réussi à repousser ma préoccupation ou mon émotion présente. Le vide peut être momentané ou durer quelque temps.
Le vide est ressenti au moment même où l’émotion est repoussée. Tenir à l’écart une émotion ou une préoccupation importante peut déclencher diverses expériences émotionnelles telles que l’anxiété, l’angoisse, la fébrilité et la gêne. Le vide a ceci de particulier que le contrôle a réussi : l’émotion a disparu de la conscience immédiate.
Le vide peut aussi résulter d’une médication pour problèmes d’ordre psychique, le but d’une telle médication étant généralement de diminuer l’intensité de ce qui est ressenti, sinon de le faire disparaître. La personne se sent alors dans le vide, incapable d’avoir accès à son expérience du moment.
À quoi sert le vide ?
Le vide m’indique que je repousse mon expérience immédiate. Par la même occasion, il me montre la direction à prendre pour en sortir.
Que faire avec le vide?
Si je désire retrouver l’expérience tenue à l’écart, je n’ai qu’à demeurer en contact avec le vide en étant ouvert à ce qui apparaîtra à ma conscience. Elle réapparaîtra. Je devrai alors me rendre disponible pour l’accueillir et la ressentir. »
Si vous décidez de lever un peu le pied, Alexandre, voici quelques conseils de Rick Hanson que l’on peut lire dans Les Pouvoirs des petits riens – 52 exercices simples pour changer sa vie. « Promettez-vous de vous accorder plus de pauses. La plupart seront brèves, y compris d’une minute, voire moins. Mais leur effet cumulé vous sera réellement bénéfique.
Voici quelques suggestions pour y parvenir. Choisissez celle(s) qui vous convien(nen)t le mieux :
Dire non vous aidera à dire oui à votre bien-être, à des amis, à des activités qui vous nourrissent réellement, à un esprit purifié. Aux étoiles qui scintillent au-dessus de votre tête. »
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