Deux fois par mois, les lecteurs de French Morning nous soumettent leurs problèmes liés à l’expatriation et nous essayons de les aider en leur proposant des réponses apportées par les plus grands auteurs de développement personnel.
Aujourd’hui, le récit de Vincent dont le renouvellement de bail est source de beaucoup de stress…
« Lorsqu’un Français me demande combien je paie de loyer, je réponds toujours la même chose : « Trop ». Et s’il insiste, je lui dis que le prix moyen pour un appartement d’une chambre à Manhattan tourne autour de 4.400 dollars. En général ça met un terme à la conversation. Ce qui m’évite d’avoir à justifier les montants astronomiques qui s’évaporent tous les mois pour payer notre deux chambres.
Cela étant, à notre arrivée avec mon compagnon en janvier 2021, nous avons bénéficié d’un loyer très bas. L’immobilier locatif s’était effondré. Les propriétaires étaient prêts à toutes les concessions pour trouver des locataires. Deux garçons (et un chien), travaillant respectivement dans le secteur de la publicité et du conseil, ça leur allait très bien.
Je suis tombé amoureux de notre appartement. Vraiment. Hyper clair ; un roof-top de dingue. Un quartier acquis à la cause LGBTQ et des voisins adorables qui se battent – je vous jure que c’est vrai – pour garder notre chien. Bon OK, je ne le savais pas encore. Mais je le pressentais. Nous avons proposé un bail de trois ans, une augmentation limitée à 2% par an et après quelques emails rédigés par notre avocat, on a signé. Quelle chance !
Seulement voilà : le marché de la location s’est tendu. Et nous allons probablement recevoir à la rentrée le mail laconique que j’appréhende tant : les nouvelles conditions imposées par notre propriétaire : un bail d’un an et notre loyer majoré d’une augmentation pharaonique. On parle de 30%.
Rien que d’imaginer ce courrier, je suis pris d’angoisse et de panique. Avec une telle augmentation, nous serons contraints à renoncer aux choses qui rendent notre vie à New York géniale : les restos, les week-ends dans le Connecticut et peut-être même un ou deux voyages.
On pourrait déménager. C’est ce que tout le monde me dit. Si c’était si simple ! Mais je ne veux absolument pas changer de quartier. Je connais tout le monde. J’y ai mes habitudes. Quant à quitter notre appart… J’ai commencé à faire quelques visites… À pleurer.
Alors, tout ce qui me reste à faire, c’est attendre dans l’angoisse cet affreux mail, et espérer que nos propriétaires aient très envie de garder leurs locataires préférés. »
La réponse de French Morning
Merci, Vincent, pour votre histoire, mais on ne sait toujours pas combien vous payez de loyer… 😉
De toute évidence, l’émotion que vous ressentez ressemble à de l’angoisse.
Voyons ce qu’en dit Michelle Larivey dans La puissance des émotions.
Qu’est-ce que l’angoisse ?
L’angoisse est un malaise plus ou moins intense qui s’apparente à la peur. Mais elle est sans objet et surgit généralement de façon inattendue. Elle naît des forces qui s’affrontent en nous : celles qui poussent ce qui nous habite à devenir conscient et celles qui essaient de l’en empêcher.
À quoi sert l’angoisse ?
L’angoisse doit être considérée comme un signal. Le signal que nous repoussons une partie de nous. Elle persistera aussi longtemps que je ne consentirai pas à m’ouvrir à la préoccupation qui tente de se frayer un chemin jusqu’à ma conscience. L’angoisse est donc un symptôme.
Que faire avec l’angoisse ?
Le plus utile consiste à s’interroger sur ce que l’on tente de repousser. Étonnamment, la réponse apparaîtra rapidement et l’angoisse disparaîtra du même coup.
Alors, comment faire avec cette angoisse ?
Dans Choisir sa vies, Tal Ben-Shahar nous propose de relever les défis pour cesser de se laisser intimider par la difficulté.
« Les mots que l’on emploie ne font pas que décrire la réalité, ils la créent.
Si je perçois une menace dans telle ou telle situation, il est probable que je sois victime de stress. Mais si j’y vois un défi à relever, ma réaction affective sera plutôt de l’ordre de l’excitation. Un même événement extérieur peut être perçu de manière très différente selon les mots qu’on va utiliser pour le qualifier. (…)
C’est la conjonction d’éléments subjectifs (ce qui se passe dans ma tête) et objectifs (ce qui existe en dehors de moi) qui produit ma réalité. Je suis le co-créateur de mon vécu, de ma vie.
Les travaux de Joe Tomaka, James Blascovich et leurs collègues montrent bien que les réactions psychologique et physiologique à une situation donnée différent sensiblement selon la manière dont on évalue celle-ci. ils ont constitué deux groupes d’étudiants et leur ont donné le même exercice de « calcul mental ». Ils ont présenté la tâche comme difficile aux étudiants du premier groupe, en leur demandant de s’en acquitter rapidement et efficacement.
Comme on pouvait s’y attendre, ils se sont sentis menacés.
Au second groupe, on a dit que c’était un défi à relever. Ces étudiants-là se sont montrés plus sereins, plus créatifs, et s’en sont mieux sortis que les autres.
D’autres études ont illustré les conséquences physiologiques de notre manière de percevoir la réalité.
Un mot peut, à lui seul, affecter de manière spectaculaire le rythme cardiaque, la tension artérielle et d’autres signes cliniques associés au stress. Selon qu’on choisit de voir une situation comme un défi ou une menace, une possibilité ou un danger, un privilège ou un piège, on influe radicalement sur la manière dont on la vivra. »
Et si vous écriviez à votre propriétaire, dès aujourd’hui, pour lui demander ses intentions ?
📆 Retrouvons-nous fin dans 15 jours avec l’histoire de Manon, qui a le sentiment de ne plus faire partie de la photo…
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