Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres sur l’épanouissement personnel.
Aujourd’hui, Marie confrontée à l’expérience de la solitude.
« J’étais contente de quitter New York pour Los Angeles. Nous avions besoin de changement et de soleil. Après toutes ces années dans une ville de banquiers, je me voyais bien partager mon quotidien avec des “gens du cinéma”. Pas de stars, des gens normaux que l’industrie du divertissement avait appelés pour égayer nos soirées sur Peacock ou Netflix.
Un peu de douceur, des palmiers, un quotidien où l’on serait autorisé à ne pas courir toute la journée, où l’immobilier serait abordable, pour peu que l’on trouve le bon quartier.
Alors, oui, il fallait tout reprendre à zéro, reconstruire le tissu de nos amitiés. Mais, contrairement à notre arrivée à New York, dix années auparavant, j’avais les codes, les trucs et les astuces. J’étais rodée et ça ne s’était pas fait sans mal. Merci le Lycée ! Merci au Moulin à café où nous nous sommes si souvent retrouvées après avoir déposé nos enfants.
Et puis, j’étais habituée à l’anonymat, à ces journées entourées de centaines de gens sans jamais croiser un seul regard, à cette surface bien commode qui gomme les jugements et les différences, mais sans jamais rien à quoi s’accrocher. Parce que personne n’a le temps. Parce que les gens sont bookés jusqu’en 2025. Je connaissais tout ça. J’étais prête, du moment que nous pouvions un peu lever le pied, ralentir le rythme. Tout m’allait.
Nous avons donc quitté New York pour Los Angeles et les choses ne se sont pas passées comme espéré.
Le déménagement, l’installation ? Sans problème (mon conseil : n’économisez jamais sur le transporteur. Vous le payerez ensuite, et très cher.) Les palmiers ? Ils sont bien là. L’espace, la piscine, la mer, oui !
Mais après deux ans de vie à L.A, j’ai bien été obligée de l’admettre : le sentiment de solitude est encore plus grand que celui que j’éprouvais à New York.
Le décalage horaire fait que, même si vous n’avez pas de contacts réguliers avec l’Europe, l’éloignement donne l’impression d’habiter un autre pays. Les New-Yorkais vous oublient.
Et puis cette vie en voiture… Tout le monde me l’avait dit, bien sûr. Ce n’était pas une découverte. Mais à vivre, c’est autre chose. Lorsque vous avez déposé vos enfants à l’école, personne ne songerait à se retrouver au café d’à côté. Il n’y en a pas ! Et s’il existait, il faudrait prévoir du temps supplémentaire pour trouver à se garer… Impossible d’installer une routine. J’en suis venue à regretter New York et son métro, pour ses contacts et ses gens bien vivants.
Est-il possible de ne pas se sentir seule dans une grande ville ? »
La réponse de French Morning
Merci pour votre témoignage, Marie. Voyons ce que dit Michelle Larivey dans La puissance des émotions sur l’expérience de la solitude.
Qu’est-ce que la solitude ?
« La solitude n’est pas une émotion, c’est un état de fait. Lorsque nous employons ce mot, c’est toutefois pour traduire autre chose qu’une situation de fait; à savoir, un sentiment. Souvent, il s’agit de tristesse ou d’ennui. Mais cette signification ne se déduit pas automatiquement, car être seul peut s’avérer agréable. Cela dit, l’expression « Je me sens seul » a toujours une connotation de manque, de privation.
À quoi sert le sentiment de solitude ?
« L’expression « se sentir seul » fait image. Cette image est une forme d’approximation de nos sentiments qui peut revêtir diverses significations.
Le manque affectif engendre la tristesse. Se sentir seul peut être considéré comme l’antichambre de la tristesse ou comme une manière voilée de parler de sa tristesse. Mais la solitude n’est pas toujours empreinte de peine. « Je me sens seule dans cette foule » peut avoir toutes sortes d’autres sens comme « Je ne connais personne et j’ai peur », « Je suis étrangère à tous ces gens et cela me déplaît », « Je n’arrive pas à établir des contacts et cela me déçoit » ou, au contraire, « Personne ne fait attention à moi et cela fait bien mon affaire ! »
Le sentiment de solitude s’accompagne toujours d’émotions. Ce sont ces dernières qui permettent d’identifier ce que l’état de solitude traduit vraiment.
Que faire avec la solitude ?
Il est impératif d’identifier les émotions vécues dans cette solitude. Ce sont elles qui me permettront de cerner mes besoins et de voir à les combler.”
Et pour compléter cette lecture, le podcast « Comment vaincre la solitude et l’isolement ? » sur France Inter.
📆 Retrouvons-nous dans 15 jours avec l’histoire de Jennifer à qui la France manque dans tous les sens du terme.
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