Et de 11 ! Avec l’annonce de la dernière levée de fonds de Vestiaire Collective, la plateforme de vente de vêtements de luxe d’occasion, la France vient de faire émerger sa onzième licorne tech, c’est-à-dire une société privée valorisée au moins 1 milliard d’euros. Cette semaine, la jeune entreprise a indiqué avoir bouclé une huitième levée de fonds particulièrement ambitieuse, à 176 millions d’euros. Les actionnaires historiques comme son PDG Maximilien Bittner, bpifrance ert Eurazeo, réinvestissent mais ce sont surtout les noms de ses deux nouveaux actionnaires qui ont créé la surprise.
Le géant du luxe Kering, propriétaire des maisons de luxe Gucci, Saint-Laurent et Balenciaga entre autres, prend 5 % du capital. Pour une raison simple : l’occasion est en pleine expansion. « Le luxe de seconde main est désormais une tendance réelle et profonde, en particulier parmi les jeunes consommateurs. Plutôt que de l’ignorer, nous voulons au contraire saisir cette opportunité », a ainsi déclaré le milliardaire François-Henri Pinault, PDG de Kering.
L’autre nouvel actionnaire est un fonds de capital risque américain, Tiger Global Management. La firme new yorkaise, qui est à l’origine un hedge fund et s’est ensuite diversifié, a le vent en poupe : elle a été classée comme l’investisseur le plus performant en 2020, après avoir rapporté 10,4 milliards de dollars à ses clients en 2020. L’an passé, elle a bouclé un fonds de venture (capital risque) de 3,75 milliards de dollars et pourrait annoncer le closing d’un autre de la même taille dès ce mois-ci. Tiger Global investit pour la première fois dans une jeune pousse française, afin de miser sur un secteur en plein essor aux États-Unis. « Nous sommes excités de soutenir les plans d’expansion mondiale de Vestiaire Collective, qui consistent à saisir le momentum d’une croissance spectaculaire aux États-Unis et en Asie Pacifique. En janvier 2021, les vendeurs locaux ont augmenté leurs ventes de 250 % sur un an ».
Créé en 2009, Vestiaire Collective reste très discret sur les chiffres, le groupe ne dévoile pas ses revenus mais sa fondatrice Fanny Moizant a indiqué qu’elle serait rentable très prochainement. La plateforme, qui prélève une commission moyenne de 20 % sur les ventes, compte notamment accélérer aux États-Unis, où elle a déjà un bureau à New York. Une priorité en raison de la taille de son marché du vêtement – 379 milliards de dollars en 2019 – mais aussi sa très forte croissance. Selon le dernier rapport de Thredup, le marché de la seconde main a augmenté 21 fois plus vite que le retail classique en 2019, à 28 milliards de dollars. Il projette que ce marché devrait tripler dans les dix prochaines années, à 80 milliards de dollars.
Enfin, la société qui compte 11 millions de membres vendeurs ou acheteurs, a pris des engagements en faveur d’une économie circulaire du vêtement. « Notre objectif est d’allonger la durée de vie d’un vêtement, et ainsi de réduire son impact sur la planète », indique Fanny Moizant. Elle compte atteindre un bilan carbone neutre d’ici 2026 et obtenir la certification B-Corp, qui implique des standards de performance environnementale et sociale.