En octobre 2021, en pleine effervescence des licornes de la French Tech, French Morning relayait la levée de fonds de 210 millions de dollars de Vestiaire Collective, le site français spécialiste de la vente de vêtements et accessoires de luxe de seconde main. Moins de six mois plus tard, la jeune pousse a trouvé une cible idéale pour déployer cet argent frais : elle vient d’annoncer sa première acquisition avec la reprise de l’américain Tradesy, pionnier de la mode de luxe circulaire fondé en 2009 et exclusivement présent aux États-Unis.
Si les détails financiers de l’opération n’ont pas été dévoilés, cette acquisition permet à Vestiaire Collective de grossir massivement aux États-Unis : le nouveau groupe représente une communauté de 23 millions de membres, un catalogue de 5 millions d’articles de mode et un volume d’affaires supérieur à 1 milliard de dollars.
« Nous avons suivi Tradesy de longue date et étions en contact. L’acquisition de ce pur modèle peer-to-peer nous permet d’atteindre une taille critique aux États-Unis, qui étaient déjà notre premier marché », explique Bernard Osta, directeur de la stratégie chez Vestiaire Collective. En effet, Tradesy est uniquement une place de marché qui met en contact des acheteurs et des vendeurs, mais ne stocke pas les produits. À l’inverse, le leader américain du marché, TheRealReal, est un modèle de consigne puisqu’il décide le prix et garde le produit jusqu’à sa vente finale.
De son côté, Vestiaire Collective propose à la fois un modèle peer-to-peer, mais aussi un service d’authentification, réalisé avant l’expédition, qui est même automatique pour les articles à plus de 1 000 euros. Le groupe compte quatre centres d’authentification à ce jour : Tourcoing, New York, Londres et Hong Kong. Grâce à l’intégration de Tradesy, il compte ouvrir un nouveau centre d’authentification à Los Angeles d’ici la fin de l’année.
Par ailleurs, Tradesy apporte une expertise technologique précieuse au groupe français. « Nous allons créer un pôle technologique et nous appuyer sur l’équipe de 50 personnes que compte déjà Tradesy sur place, c’est très précieux », ajoute Bernard Osta. La startup, qui est aussi une B Corp agréée et investie dans la cause environnementale, poursuit son objectif de réduire son impact carbone. Dans ce sens, « nous allons profiter de cette nouvelle envergure aux États-Unis pour optimiser les transactions locales, via des algorithmes favorisant ce type de transactions présentant une empreinte environnementale plus faible ».
Avec cette opération, les États-Unis sont plus que jamais le premier marché du groupe cofondé et présidé par Fanny Moizant, avec une croissance proche de 100 % sur un an – contre environ 75 % pour l’ensemble du groupe. Vestiaire Collective peut compter sur l’appui d’actionnaires prestigieux : début 2021, le groupe avait déjà levé 210 millions de dollars auprès de Kering. Puis il avait convaincu le plus prestigieux des investisseurs, Softbank, propriétaire de Vision Fund, le plus gros fonds d’investissement tech au monde, et par ailleurs actionnaire de Sorare et Contentsquare. Des licornes françaises qui déploient en ce moment toutes leurs ambitions outre-Atlantique.