Quel jour historique pour la French Tech ! Mardi 21 septembre, trois pépites tech françaises ont annoncé des tours de table qui dépassent l’entendement. La journée avait commencé avec la jeune pousse Sorare, une plateforme sur laquelle les utilisateurs peuvent acheter des cartes de joueurs de football associées à un NFT, a annoncé la plus grosse levée de fonds jamais faite par un membre de la French Tech, 680 millions de dollars (586 milliards d’euros) auprès du japonais Softbank.
Ce n’était que le début. Le même jour, l’investisseur japonais – qui gère le plus gros fonds d’investissement venture de la planète, Vision Fund, doté de 100 milliards de dollars depuis 2017 – a jeté son dévolu sur une autre start-up française en plein essor aux États-Unis : Vestiaire Collective. Le site d’e-commerce, spécialisé dans la vente de vêtements de seconde main, vient de boucler un tour de table de 210 millions de dollars (178 millions d’euros), après avoir levé exactement le même montant il y a tout juste six mois auprès de Kering, la maison-mère de Gucci, et du fonds américain Tiger.
Cette fois, Vestiaire Collective a engrangé de l’argent frais auprès du fonds du milliardaire Masayoshi Son et du gestionnaire britannique General Investment Management. Et après avoir atteint le précieux statut de licorne en début d’année, sa valorisation atteint désormais 1,7 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros).
Les Etats-Unis, le plus gros marché de Vestiaire Collective
Vestiaire Collective s’est surtout adjoint les conseils d’un professionnel de renom : le CEO de Softbank Group International et COO de SoftBank Group Corporation, Marcelo Claure. Chairman de Wework, cet Américain d’origine bolivienne, fondateur en 1997 de Brightstar, l’une des plus grosses entreprises de reventes d’iPhone, va rejoindre le conseil d’administration de Vestiaire Collective.
Car la startup fondée par la Française Fanny Moizant fait, sans conteste, partie des acteurs qui ont profité à plein de la pandémie et de la croissance sans précédent du marché des vêtements d’occasion. Si elle est avare en chiffres sur ses revenus ou sa rentabilité, elle a tout de même indiqué que ses commandes ont bondi de plus de 90 % dans le monde et ont plus que doublé aux États-Unis, son plus gros marché.
Un marché américain des plus prometteurs sur son secteur : selon ThredUp, le secteur des vêtements et accessoires de seconde main devrait y doubler dans les cinq prochaines années, pour atteindre 77 milliards de dollars (66,4 milliards d’euros). Il atteindrait 18 % de parts de marché d’ici 2030 et pèserait deux fois plus que la fast fashion. Vestiaire Collective compte également profiter de cette injection d’argent frais pour améliorer sa technologie et réduire encore son impact carbone, via des initiatives pour promouvoir des achats locaux et améliorer encore son processus de livraison.
Une introduction en bourse pour Mirakl ?
Enfin, la dernière star montante de la French Tech, très présente aux États-Unis, a fait une annonce fracassante : Mirakl, éditeur de solutions marketplace, a levé la coquette somme de 555 millions de dollars (479 millions d’euros) dans un tour de table emmené par le fonds américain Silver Lake. Soit à la deuxième place du podium des levées de fonds de la French Tech juste après Sorare.
Signe de l’emballement des investisseurs, sa valorisation a doublé depuis sa dernière levée de fonds il y a un an. « Nous avons décidé qu’étant donné nos objectifs en termes de recrutement, d’investissements en technologie, d’expansion internationale, d’acquisitions potentielles, c’était le bon moment de faire cette levée massive car cela donne le signal au marché que l’entreprise va rester très longtemps », a déclaré le cofondateur et co-CEO, Adrien Nussenbaum.
“Cette levée de fonds va nous aider à capturer l’opportunité de marché et à accélérer les investissements pour que nos clients aient le plus de succès possible. Nous avons la chance d’avoir le meilleur SaaS de son segment qui a toujours offert à Mirakl une santé financière enviable”.
Mirakl s’est installé outre-Atlantique en 2014 et a ouvert un bureau à Boston dans le quartier de Somerville. « Les Etats-Unis ne sont pas qu’une part essentiel et croissant de notre croissance, c’est le lieu de notre siège social outre-Atlantique. Dans la dernière année, nous avons doublé notre équipe américaine, et notre base de clients s’est étendue à différents secteurs – retail, wholesale, manufacturing. Nous comptons désormais Kroger, Express, Madewell et, Urban Outfitters mais aussi ABB, SalonCentric (filiale de L’Oréal) et Toyota Materials Handling parmi nos clients ». La pandémie n’a fait qu’accélérer sa croissance: « Au premier semestre, nous avons enregistré une hausse de 90 % de nos ventes sur un an ».
La start-up prévoit, dès à présent, de muscler ses effectifs sur place, qui sont aujourd’hui de 130 personnes. « Avec ce tour de table, nous prévoyons de quadrupler au moins notre équipe américaine d’experts dans les trois prochaines années ». Elle cherche à recruter dans les fonctions RH, marketing, service clients et ventes, tout en offrant une grande flexibilité à ses nouvelles recrues. Par ailleurs, le groupe devrait embaucher environ 400 personnes dans les trois prochaines années, la majorité sera basée à Boston.
Avec un tel niveau de valorisation, une question brûle les lèvres : à quand l’introduction en Bourse (IPO) ? Le dirigeant reconnaît qu’une sortie en bourse est une option évidente à terme, sans préciser le calendrier. « Mirakl prévoit d’âtre prêt à une IPO en 2022, car cela est clairement l’une des options les plus sérieuses pour nourrir la croissance sur le long terme et capturer pleinement l’opportunité de créer l’une des meilleures places de marché au monde ». Il y a fort à parier que le microcosme américain de la French Tech scrute le prochain candidat à la cloche de Wall Street.