«Je n’ai pas commencé la danse de manière sérieuse», confesse-t-il, pourtant c’est à 7 ans qu’Alexandre Hammoudi se lance dans la danse classique, sous la direction de Max Bozzoni du Ballet de l’Opéra de Paris. Son brevet en poche, il part à Londres à l’âge de 16 ans. Direction l’English National Ballet School in London et il y reste 3 mois « Ca ne me correspondait pas ». Cap donc sur Cuba pour un an et demi au Ballet National. Sa bougeotte le reprend : «Il fallait que ça change». Et là son vieux rêve d’enfant de l’American Ballet, ressurgit: « La compagnie numéro 1 aux Etats-Unis. Déjà enfant je regardais les video de Barichnikov ou de Carlos Acosta. Je me suis éduqué sur Le Don QuiChotte de Julio Bocca. Quand l’American Ballet est passé aux Champs Elysées, evidemment j’y étais. Je ne pensais pas y arriver un jour ». Il se présente une première fois. Refusé. Il se retrouve seul à New York et vit donc de petits boulots, les poches vides : «Il faut pousser, persévérer».
Il devient finalement apprenti en 2003, puis membre du corps de ballet en 2004, année de sa première saison au Metropolitan. «Un vrai rêve»: travailler dans les studios de Barichnikov. Il a fallu du temps pour obtenir des rôles de solistes « Tout est une question d’opportunités, je me suis rendu compte en prenant du recul, qu’il fallait que je gagne en maturité ». Il a notamment interprété le geôlier dans Manon et le Rajah dans La Bayadère.
«Cette compagnie, ce studio, ils sentent le passé tout en restant très moderne». A l’American Ballet, il retrouve un côté « américain, métissé ». La troupe compte notammant 5 Russes, 4 Cubains. Tous partageant la même passion et le même sens de la rigueur. Le métier de danseurs est donc fait d’opportunités à saisir et de frustration. «C’est ce qu’on apprend dans cette compagnie ». Alexandre est entre les deux : corps de ballet et soliste. Dans La Belle au Bois Dormant, il a été tour à tour le Prince Espagnol et un chevalier. Il lui arrive de devoir apprendre plusieurs rôles pour une même production, multipliant sa masse de travail.
Trois quart d’entretien et il doit repartir en répétition. Il a été séléctionné pour jouer dans le Allegro Brillante, «un rôle passionant et technique avec des sauts, des pirouettes !» Il sourit : « En plus on y compte à peine 4 garçons !». Il travaille également sur Gisele et le Lac des Cygnes, pas vraiment une nouveauté. Il jouera le Lac pour la 6ème année consécutive. Sa grande fierté est d’avoir été pris dans Roméo et Juliette : «Un véritable drame, une pièce avec un vrai sens théâtral». Il y jouera Tybalt. « C’est un morceau de bravoure de la part de l’American Ballet de monter Roméo Juliette avec le poids historique que porte cette pièce ». Un poids perceptible «quand on enfile le costume ».
A la fin de la saison en novembre, Alexandre a travaillé avec Benjamin Millepied, le chorégraphe et danseur au New York City Ballet, et a intégré la troupe des Danses Concertantes. Une tournée en France est prévue l’année prochaine.
Jusqu’à mai, l’American Ballet est en tournée : Washington DC, le Canada, Detroit, Londres, Abu Dhabi et la Californie. Puis c’est l’ouverture de la saison en mai, au MET : 8 ballets en 8 semaines, à raison de 9 représentations par semaine. Alexandre rêve un jour de monter sur une scène parisienne avec sa troupe : «La plus belle consécration pour un danseur de l’American Ballet c’est de danser dans son pays».