C’est dans la cour de sa maison de Venice Beach, à deux pas de l’océan, que David Pilcer a installé son drôle d’atelier. Ce jeune homme d’origine nancéenne, arrivé aux Etats-Unis en 2010, s’est lancé dans un business original : la fabrication de meubles rustiques et vintage à partir de caisses servant à récupérer les raisins lors des vendanges.
« L’idée m’est venue lorsque je vivais encore à Paris : j’étais le manager d’un bar à vin dans la capitale. Nous recevions les bouteilles dans d’anciennes caisses à vendange en bois, sur lesquelles sont imprimés les noms des différents vignobles. J’ai commencé à les assembler pour en faire des meubles décoratifs et design pour le bar. Et puis petit à petit, j’ai développé une véritable passion pour ces caisses, leur provenance, leur histoire. J’ai commencé à les restaurer et à les collectionner. A l’époque pas mal de gens me disaient : tu devrais en faire un business».
De David à Davis
Arrivé en Californie après avoir épousé une américaine, David vit d’abord de petits boulots tout en cherchant à monter sa petite entreprise. Il se met alors en quête de nouvelles caisses de vendange, en partant cette fois sur la route des vins californiens, au nord de Los Angeles.
Une fois les précieuses boîtes en bois dénichées, David installe dans un premier temps un pop-up store à Abbot Kinney (quartier branché de Venice Beach), grâce auquel il se fait petit à petit remarquer. C’est comme ça que Davis Crates & co est né. « Davis, c’est le surnom que me donnait mon père pour rire, quand j’étais plus jeune, parce que je disais toujours que plus tard je vivrai aux Etats-Unis et que j’y deviendrai millionnaire» explique-t-il. Quant au mot crate il désigne tout simplement en anglais les fameuses caisses de vendange qu’utilise David Pilcer.
A l’intérieur comme à l’extérieur, sa maison est une véritable caverne d’Ali Baba, entièrement meublée de ces « crates » : étagères à bibelots ou à livres, canapé d’angle surmontés de coussins, meubles de salle de bain, caisses à chaussures, jardinières… « Je propose des kits (de 200 à 400 dollars) constitués de plusieurs caisses que les clients peuvent monter eux-mêmes ou que je peux installer s’ils le souhaitent ». Les caisses peuvent également être achetées à l’unité, entre 30 et 60 dollars, selon leur taille.
Un morceau d’histoire
Elles sont assemblables à l’infini : on peut aussi bien en faire une étagère qu’une table de nuit. « Je propose aussi des meubles, moins bruts, plus travaillés comme des tables surmontées d’une surface en verre, des canapés…». David Pilcer travaille également avec un artiste de Venice, Kelcey Fisher, qui décore les caisses d’illustrations originales.
« Ce qui séduit la clientèle, ce n’est pas seulement l’aspect vintage et rustique de l’objet qui décorera leur salon, le hall de leur entreprise ou de leur boutique. C’est aussi son histoire, qui le rend absolument unique » souligne David Pilcer. Les caisses datent parfois des années 30 ou 40 et portent encore les noms de leurs anciens propriétaires, souvent d’anciens immigrés, venus construire une vie meilleure aux Etats-Unis: c’est le cas des Nakashima, l’une des premières familles japonaises à avoir immigré sur la côte Ouest. D’autres caisses sont aussi frappés du nom de John Facciani, un immigré italien qui fut l’un des premiers viticulteurs à importer et planter sa vigne d’Italie en Californie du Nord. Toute une histoire.