“Veto, Veto!”. C’est le slogan que plus de 500 personnes ont crié le mercredi 21 juillet devant le City Hall de New York. L’objectif: clamer leur indignation contre la loi S6873/A100008. Adoptée par l’Assemblée de l’état de New York, cette loi vise à interdire toute sous location pour une durée inférieure à moins de 30 jours ainsi que les petits hotels surnommés “illegals hotels” qui fleurissent un peu partout dans la ville.
“Un véritable scandale” pour Ignacio Rosa, Manager au Sky Hotel. “C’est non seulement un des seuls moyens de se loger à New York pour les budgets serrés mais c’est surtout des milliers d’emplois qui sont en jeu si la loi passe” accuse le manifestant en colère. Joe Rabinson, Chef de la sécurité de l’hôtel Pennington ne comprend pas “nous générons de l’argent pour la ville de New York, si cette loi passe, la majorité des touristes ne pourra plus venir à New York avec des chambres d’hôtel classique à 300$”. Si ces “hôtels” sont visés par la loi, c’est qu’ils ne sont pas légalement des hôtels: des promoteurs ont racheté des immeuble de logements entiers pour les transformer en chambres d’hôtels, au grand mécontentement des hôtels classiques.
Marie Reine Jézequel, française, Directrice de la société de location aux particuliers NY Habitat est elle aussi venue manifester. “Cette loi a été votée parce que les lobbyistes des grands hôtels ont fait pression, les touristes n’auront plus le choix entre leurs établissements et des possibilités de logement à moindre prix” s’indigne t-elle.
De l’autre côté de la barrière, sur le parvis du City Hall, les associations de défense des locataires manifestent quand à eux en faveur de la loi. Ils accusent les propriétaires de vouloir transformer des immeubles à loyers modérés (« rent stabilized ») en meublés à court terme, excluant ainsi de la ville les locataires les plus modestes.
Pavel Alter, du site de location de courte durée Roots Travel, n’est pas de leur avis. “Le problème de logement à New York n’est pas la faute du short term rental, les locataires n’ont aucun droit social par rapport à leur propriétaire, ils peuvent se faire virer ou voir leur loyer augmenter n’importe quand. Ce qui changerait vraiment le choses serait le renforcement des droits des locataires”.
Le français installé à New York depuis plusieurs années aurait aimé que la décision ne soit pas prise aussi vite “la loi a été votée le 4 juillet en début de soirée sans en avertir personne au préalable!” s’étonne t-il. Avec plusieurs autres organismes de location à court durée comme Hotel Toshi ou Airbnb, ils se sont rassemblés pour ouvrir la discussion sur le sujet et faire appelle au veto du Gouverneur Paterson. Pavel reconnaît qu’il y a eu des excès et rajoute que “c’est pour cela que nous souhaitons la mise en place d’une législation juste qui n’interdise pas mais régule le short term rental”. Pour se faire, ils essayent de diffuser le numéro de téléphone de la mairie au plus grand nombre de personne en désaccord avec la loi et espèrent atteindre les 10 000 appels.
Après deux heures de manifestation, la foule s’est lentement dispersée. Tous attendent le veto du Gouverneur de New York David Paterson qui devrait rendre son verdict avant samedi soir.
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