L’idée est née 18 mois plus tôt. Mais c’est pendant plus de 30 ans, que Jean-Luc fut Directeur Général du Club Med à Miami puis à New York. Il a aussi travaillé pour les groupes ACCOR et AMORIM. De son côté, Philippe importait la marque TATI à Dakar avant d’ouvrir un centre commercial de plus de 35000 m2…
Pour des raisons familiales, ils se retrouvent il y a quelques mois à Miami, Jean-Luc, savourant l’idée d’une retraite paisible et bien méritée, tandis que Philippe, son cadet d’une petite génération, cherche alors une idée nouvelle pour gagner sa vie. Passionné de vin (il est collectionneur depuis 12 ans), il décide d’investir dans ce domaine dont « le business aux Etats-Unis est en forte progression ces dernières années ». Il ne met pas longtemps à convaincre son ami de toujours de le rejoindre dans l’aventure. La retraite ? On verra plus tard.
Mais comment ? Ces deux épicuriens ont la générosité en commun. Elle les pousse à fouiller et dénicher un concept basé sur le partage et la convivialité. Mais la crise est là et il s’agit de se montrer malin. «Il fallait s’attaquer à la notion de prix sans sacrifier la qualité» explique Jean-Luc. L’idée surgit: ouvrir une cave à vins doublée d’un restaurant où l’on pourrait boire le vin de son choix simplement en rajoutant un “droit de bouchon”. Et ça marche. «On l’a fait avec le cœur» raconte Philippe. Et Jean-Luc de rajouter «le contact avec le client nous intéresse, on est là tous les jours, on serre la main de tous». Un art de vivre bien de chez nous qui a l’air de faire des émules quand on sait que 80% de la clientèle est américaine, vit aux alentours, vient à pied et plusieurs fois par semaine.
C’est dans un ancien studio photos, au 555 de Jefferson Ave, en « OFF de Miami Beach » qu’ils ont délibérément élu domicile : un vaste espace, à l’allure à la fois industrielle (de l’acier, des murs bruts, des tuyaux …) et théâtrale (de lourds rideaux de velours rouge dégringolent du plafond). Des barils de vins font office de pieds de tables et des casiers en bois s’empilent et donnent le ton.
La cave est le centre du projet. Elle s’organise en deux espaces : les vins de toutes les occasions allant de $8 à $30 ( on y trouve par exemple un délicieux vin blanc italien Villa Solais à $10 ) et la « vintage room », une pouponnière ou les vins les plus précieux, à partir de $30, sont conservés avec soin ( la température de la cave est légèrement plus fraîche ) et séparée de l’autre cave par un mur en verre, laissant ces précieux trésors à la vue et l’envie de tous. Il vous en coûtera $425 pour un grand cru classé Château Cheval Blanc de Saint-Émilion 2001, une affaire ? « Oui, car si vous voulez déguster ce vin exceptionnel, il vous suffit de rajouter $15 ( droit de bouchon pour les vins « vintage »), ce qui fait $440 et là, nous sommes très bien placés par rapport à nos confrères qui le proposent sur leur carte aux environs de $1000.» Et toc, démonstration faite par Jean-Luc. Philippe fait une sélection méticuleuse des vins. Sa cave est composée en bonne partie de vins français (25%) mais aussi de vins américains, espagnols, italiens, chiliens, argentins, australiens …
Leur atout supplémentaire est leur cuisine : française, simple, raffinée, inventive. « Nous avons voulu privilégier la qualité de l’assiette à son volume et proposer à nos clients des mets savoureux à des prix abordables, entre $9 et $16 .» On ressent dans l’assiette, la passion qui anime le chef français, Jérôme Cormoules. Son foie gras « fait maison », au gros sel ou au torchon, est une simple tuerie !