Bar Breton n’est pas n’importe quelle crêperie bretonne, mais bien une crêperie version 5ème avenue, avec le zeste de raffinement et d’originalité made in New-York. Certes le chef est français, de surcroit originaire de Nantes, mais il n’a pas oublié à quel public il s’adresse, ni à quelle concurrence il va devoir faire face. Déjà propriétaire du restaurant haut-de-gamme, Fleur de Sel, dans le Flatiron District, il a donc décidé de récidiver avec l’ouverture de Bar Breton à quelques blocs, pour une cuisine plus abordable et plus décontractée. Mais attention, ce nouveau né est tout sauf une version moins chère, et moins bonne, de Fleur de Sel. Cyril Renaud avait tout simplement “envie de (s’)essayer à d’autres choses, et donner une nouvelle impulsion à (sa) cuisine“.
Cuisiner rapide, simple, et mettre le tout en galette, c’est un challenge pour un jeune chef habitué à travailler avec minutie sur des plats sophistiqués. Et c’est d’autant plus exigeant qu’il n’est pas question ici de vous servir la rustique complète ou d’effrayer les capricieux palais new-yorkais avec la traditionnelle galette aux andouilles de Guéméné.”Offrir quelque chose de différent“, tel est le pari du breton.
La carte distille sa French Touch, sans jamais en faire trop. Pour les novices, une petite note explicative vous initie à la délicate question des galettes au sarrasin, avant de vous proposer les créations du chef (entre $11 et$16). La Quimper (fourme d’ambert, poire et noix au miel) cotoie la Flatiron Edge (saumon fumé, fromage frais, radis et cive), tandis que la Chelsea (chorizo, oeuf et confit d’oignon) se dispute la commande avec la Guérande (oeuf poché, épinard, champignons et parmesan), pour une carte qui joue la parité franco-américaine.
Il n’y en a pas que pour les amateurs de crêpes: au rayon Main Course (entre $16 et $28), on trouve par exemple un bruger, au gruyère ou à la fourme d’ambert. Quand même… Du coté des desserts ($6 et $7), ceux qui ont encore faim pourront retrouver une sélection de quelques trésors nationaux (la crêpe au sucre, les profiteroles ou encore la mousse au chocolat). French Morning, dans un acte de dévotion professionnelle, les a testés, et vous confirme qu’ils sont délicieux. Question décoration, Cyril Renaud s’est inspiré de l’atmosphère chaleureuse d’une maison bretonne de bord de mer, avec des couleurs bleu, blanche et rouille, mais réussit à éviter le cliché du tout typique. L’ambiance est sobre, seul l’arrière du restaurant est occupé par un vaste meuble traditionnel en bois peint qui rappelle les maisons de famille.
Le restaurant, tout en simplicité, mais sans jamais être simpliste, est à l’image de la cuisine du chef français. Il aime les saveurs propres et nettes: “Pour élaborer un plat, je recherche toujours des essences de goûts très purs“. Loin de lui donc cette mode des plats fusion tout en épices, mélanges et émulsions. Il se revendique lui-même d’une cuisine, qui sans être traditionnelle, demeure très classique. Lorsqu’il parle de son inspiration, Cyril ne joue pas la carte de l’identité bretonne. Au contraire, il ne se reconnaît aucune influence particulière, à part celle du marché de saison. “Ma cuisine est juste une cuisine naturelle, en fonction du moment”. Cette humilité cache pourtant un entrepreneur volontaire, preuve en est de l’ouverture de deux restaurant en l’espace de dix ans. Arrivé en 1991 aux États-Unis, il s’est imposé à force de travail et de constance. “Le plus dur, c’est d’être là tous les jours. Ce n’est pas un métier, c’est une façon de vivre“.
Bar Breton est ouvert pour le petit-déjeuner, déjeuner et dîner.
– BAR BRETON
– 254 Fifth Avenue NY, New York 10001
– 212-213-4999
– site