Faire marcher et porter la flamme olympique à une personne tétraplégique, c’est le pari fou que s’était lancé Wandercraft, fabricant du premier exosquelette qui permet aux personnes handicapées de se déplacer. Mission accomplie à l’occasion de l’ouverture des Jeux Paralympiques, et c’est même Thibault Simon, le frère du cofondateur Nicolas Simon, qui a assuré ce relais.
Alors qu’elle venait d’atteindre le niveau de performance attendu pour sa version particuliers, l’entreprise française a candidaté au passage de la flamme et a été retenue par le comité olympique. « C’était un moment très fort et émouvant pour nous tous, il reflète toute notre histoire depuis 12 ans », raconte Matthieu Masselin, CEO de Wandercraft.
Car cette belle aventure entrepreneuriale est née d’une histoire de famille, celle des Simon touchés par une maladie neurodégénérative, la maladie de Charcot-Marie-Tooth, qui altère la sensation des mains et des jambes et les empêche de marcher. Nicolas Simon est la seule personne de sa famille à ne pas être atteint.
Lorsqu’il découvre des robots mobiles en école d’ingénieurs, il décide de créer un appareil qui puisse faire marcher les personnes handicapées, et est rejoint par Jean-Louis Constanza et Matthieu Masselin. Nous sommes fin 2012. « Nous avons tout créé “from scratch” : le design, l’électronique, l’IA, l’informatique… C’est un peu comme une fusée, il y a beaucoup de compétences à réunir ».
Au bout de six à sept ans de travail, l’équipe sort un premier produit pour les hôpitaux, appelé Atalante. Mais Wandercraft veut aller plus loin, et développe un modèle que les personnes handicapées pourront utiliser à domicile, qui portera le nom d’Eve. Les perspectives sont immenses, environ 30 millions de personnes tétraplégiques, souffrant d’une sclérose en plaque ou qui subissent les conséquences d’un AVC pourraient bénéficier d’un exosquelette dans le monde, mais ce sont surtout aux États-Unis que le marché est le plus prometteur.
Après un tour de table de série C de 45 millions de dollars fin 2021 levé notamment auprès du fonds américain Qaudrant, Matthieu Masselin vient s’installer à New York en 2022. « Nous avons bénéficié d’un super timing : deux mois plus tard, la FDA approuvait l’exosquelette Atalante ». Puis, grâce au lobbying intensif de ses deux concurrents, c’est au tour de Medicare d’annoncer qu’il va rembourser les exosquelettes pour les particuliers. « Notre exosquelette intègre l’intelligence artificielle pour gérer l’équilibre dans la marche. Il peut être utilisé par plus de personnes, et ne demande qu’une semaine d’entraînement, contre 8 à 12 pour nos concurrents ».
La route est encore longue. En France, les discussions vont bon train pour un remboursement et la version hôpital, qui bénéficie d’un financement, a été multipliée par dix cette année. Aux États-Unis, l’objectif est le lancement commercial de la version domicile de l’exosquelette. Pour ce faire, Wandercraft est en train de finaliser un nouveau tour de table, qu’il devrait annoncer dans les prochains mois, et ceux qui souhaitent y participer doivent se faire connaître rapidement. Un investissement dans l’intelligence artificielle qui réalise un rêve bien humain : celui de marcher.