Rendez-vous pris donc dans Brooklyn, au café Autour Du Monde. Lieu symbolique pour une franco-camerounaise, élevée entre Paris, l’Afrique et la Gironde. Le projet de Paris @ Night, c’est d’abord un projet local, un besoin de retrouver la scène, pour entretenir ce « feu » qu’elle a en elle. « Je fais de la musique par passion ». Elle se souvient d’une collaboration avec Henri Salvador : « pour avoir la même étincelle dans mes yeux à son âge ». Qu’on se rassure, les soeurs Nubians ne font pas scission, le troisième album est quasiment fini et sortira très prochainement. « Pas de projets d’albums en solo, juste monter sur scène, jouer la musique que j’aime », Paris @ Night invite au voyage dans la capitale de l’Amour. Une nuit, à New York, pour parler d’amour.
Blue Nefertiti? Blue, comme le blues. Pour une passionée de jazz, cela fait sens « Nefertiti, je sais pas, un surnom qu’a commençé à me donner des amis comme Will I Am (leader des Black Eyed Peas). Puis j’ai vu le buste en voyage en Egypte. Elle m’a fascinée ». Elle montre un pendentif à l’effigie de la Reine d’Egypte. Une envie alors de jouer une musique plus personnelle. Paris @ Night promets des reprises, de Piaf, de Becker, de Myriam Akeba, mais aussi des compositions, écrites pour le coup non plus à quatre mais à deux mains. Un spectacle de cabaret, où Célia « racontera des histoires ».
L’un des amours de Célia c’est la poésie. « Le mot « slam » ne veut rien dire. Je préfère parler de poèsie ». Là où tout le monde s’emerveille de l’apparition d’une nouvelle scène française de « slam », Célia rétorque que de très grands artistes existent depuis déjà bien longtemps. A croire que « La France n’est pas prête pour la poésie ». Elle parle de poètes donc, de colloborateurs, d’amis : John Banzaï, Souleymane Diamanka , de leurs duo Le Meilleur Ami des Mots, de concours de poésie et de soul au théâtre de la Main d’Or dès 1999, bien avant donc Grand Corps Malade ou Abd Al Malik. Elle se passionne pour « ces mecs qui font leur musique depuis toujours sans se préoccuper des étiquettes ». Elle cite des noms, des chansons, des vers, de tête, conseille le clip de John Banzaï « Correspondance ». Le dernier projet des Nubians était justement le Echos, un disque entre recueil de poésies et de chants, qu’elles ont mis en scène pour le festival I Kiffe New York. A l’occasion de ce festival, elles ont réactivé leur réseau d’amis depuis toujours, et recréé un partenariat entre auteurs américains et français. « Les Nubians, ce n’est pas juste ma soeur et moi, c’est aussi un projet humain. ».
Une question glissée rapidement pour savoir si ce n’est pas trop difficile de faire de la musique dans le contexte de crise du marché du disque. Elle avoue avec un demi sourire « C’est bien. Ca va remettre les pendules à l’heure, érôder l’égo de certains. La crise va permettre de replacer au centre le choix de l’auditeur. Avec la plus grande liberté qui s’offre à lui, l’auditeur a énormément plus de choix. Elle [la crise] va aussi légitimer de nouveau la scène ».
Elle glisse au passage « Prince l’avait dit dès 1995, mais à l’époque tout le monde lui avait ri au nez ».
Un jour, un chanteur français a eu le malheur de lui avancer que la soul française n’existerait jamais. Que « Soul en français rimait avec soupe ». Mais si la langue française n’était alors pas une langue soul? Elle s’enflamme et répond : « Piaf était une chanteuse soul. Elle n’avait pas le problème de langue. Elle savait s’entourer de musiciens, elle écrivait, mais faisait aussi appel aux meilleurs des auteurs ».
De ces influences, que ce soient Piaf ou Makeba ou même Chaka Khan , Célia tire son obsession de l’évolution, le refus de la médiocrité, la quête de la perpétuelle progression. Refus de vendre son âme et sa soul pour faire du « shake ton body». Elle enchaîne sur le rap français, qui propose un message à sens unique, devenir un gangsta, ennuyeux. « Encore une fois le culte de la médiocrité ». Elle se réclame des fondamentaux du hip hop : « Moi je suis une Fly Girl », les danseuses dans le mouvement hip hop. Aux premiers temps du « Peace, Unity, Love, And Having Fun ». Le message positif du rap existe. Elle cite Fabe, rappeur précurseur en France. Pour Célia, le hip hop et le rap devraient être là pour éduquer pas au sens « lourd », assommant, mais pour transmettre, diffuser le savoir. Le soucis de « tirer vers le haut ».
La France serait donc en retard ? « Non je ne crois pas ». Elle rappelle la place des artistes français dans la musique électronique, dans l’art contemporain. Dans le hip hop aussi. « DJ Fly , dernier champion du monde au DMC ».
Paris @ Night se veut donc comme une démarche culturelle. Rien de figé, elle invite chaque soir des « rencontres » à venir partager la scène avec elle. Sur le nom des invités, elle n’en dira pas plus. Mais en français. Toujours. « La langue dans laquelle je rêve, ma langue de coeur ». La langue dans laquelle elle écrit des chansons réalistes, « vraies ». En septembre 2008, Célia a quitté la France « trop aigrie et râleuse », « qui marche à reculon sur la question des couleurs alors que le reste du monde marche vers l’avant ». « On nous a même accusées d’être des segrégationnistes noires ». Elle garde l’espoir? Avec évidence, elle répond « J’ai pas dit que j’avais abandonné. Y a de l’espoir mais ça passe par le mécontentement. Entre la France et moi, c’est comme une histoire d’amour. Je l’ai quittée, mais pas abandonnée ». Son départ pour les Etats Unis, lui a permis de découvrir une autre facette de son art, une autre manière de travailler, dans la « liberté d’être, en synergie avec les autres ». Elle avance la liberte d’entreprendre, de « pouvoir tout faire ». « On se posait la question la dernière fois avec ma soeur de savoir, si ce rêve américain, ce n’était pas juste LE rêve ».
Paris @ Night
Jeudi 11 Décembre
22h00, 23h30 et 1h00
Entrée pour toute la soirée 10$
Zinc Bar
82 W3rd Rue entre Sullivan & Thompson
Dimanche 21 Décembre
20h00
15$
Drom, 85 Avenue A entre la 5em & 6em
Son Myspace
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J’ai peur qu’avec des émissions de télé-réalité comme “teen mom” ou “16′ and pregnant” les grossesses adolescentes aux US aient encore de beaux jours devant elles. Non seulement ça peut rendre le phénomène “normal” aux yeux des jeunes, mais en plus des adolescentes-mères sont “starisées”, ultra-médiatisées, et les adolescentes adorent ça.