Le propriétaire du restaurant The French Gourmet à San Diego est sonné. Les services d’immigration américains l’accusent d’avoir embauché 12 clandestins et réclament 500 000 dollars d’amende ainsi que la saisie de son restaurant, d’une valeur estimée à plus d’un million de dollars.
L’affaire remonte à mai 2008 “je m’en souviens bien”, explique Michel Malécot à French Morning, “puisque j’étais en France quand ICE – Immigration and Customs Enforcement – est venu faire une descente dans mon restaurant.”
Les agents d’immigration, venus en nombre, contrôlent alors l’identité et le statut des employés : “C’était complètement disproportionné”, commente la gérante d’un studio de yoga situé juste en face du restaurant.
Le département de Homeland Security demande à Michel Malécot de vérifier le statut de ses employés grâce au système E-Verify, une base de donnée gouvernementale indiquant la légalité ou non d’une personne à travailler sur le territoire américain. Le gouvernement accuse aujourd’hui le restaurateur français d’employer des personnes sans-papiers, malgré ses avertissements.
“Entre les temps partiels, les temps pleins, je dois avoir 250 personnes qui travaillent pour moi à un moment ou à un autre dans l’année”, explique Michel Malécot, “une douzaine d’entre eux avaient des faux papiers, je ne savais pas”, se défend-il.
Pour le restaurateur, et son avocat, le raid de ce restaurant situé dans le quartier huppé de Pacific Beach à San Diego était un contrôle pour l’exemple. “Le gouvernement a souhaité faire passer un message aux employeurs”, indique Jeremy Warren, l’avocat du restaurant : “ce message, c’est que les lois d’immigration doivent désormais être respectées”.
Pour ce Normand qui a fondé The French Gourmet il y a plus de 30 ans, le coup est dur : “c’est David contre Goliath”, ressent-il, même si il est surpris du soutien qu’il a reçu : “les gens m’envoient des tonnes de lettres d’encouragement et les clients affluent”. Le restaurant, qui reste ouvert, prévoit d’ailleurs d’organiser un fundraising afin d’aider au paiement du coût des frais d’avocat.
French Bashing
Michel Malécot se dit injustement visé, “c’est plus facile de s’en prendre à un Français qu’à un Américain”, estime-t-il. Un article paru dans le journal local sur l’épisode suscite des dizaines de commentaires de lecteurs qui dénoncent le comportement “coupable” du restaurateur qui devrait “retourner d’où il vient”. “J’ai traversé l’épisode de la guerre en Irak et du French bashing, j’en ai vu d’autres”, raconte-t-il d’un ton désabusé.
L’avocat du restaurant Jeremy Warren exclut l’argument anti-français “c’est un coup de filet national, malheureusement, c’est tombé sur The French Gourmet”. Tout le monde s’accorde à dire que l’embauche d’employés sans-papiers est une pratique courante dans la restauration. Mais Barack Obama semble vouloir mettre en oeuvre une nouvelle stratégie qui est de mettre la pression sur les employeurs, et non plus sur les employés.
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Excellent papier, c’est vrai qu’il est rare d’entendre les employeurs sur ce sujet. Seront ils amenés à eux aussi “faire la police” ?