Le Tournoi des Maîtres accueille cette année un invité particulier. De ce samedi 2 au dimanche 10 avril prochain, Laëtitia et Vincent Fernandez ouvrent à Augusta, en Géorgie, une version éphémère de leur restaurant C’est la Vie. Ils sont d’ailleurs les seuls à y représenter la France, puisqu’aucun golfeur tricolore ne s’est qualifié pour le championnat (onze seulement y ont participé depuis sa première édition en 1934).
Avant la pandémie de COVID-19, le couple de restaurateurs avait déjà été mis en contact avec un hôtel intéressé par l’ouverture d’un restaurant à Augusta, la troisième plus grande ville de l’Etat. La propriétaire de l’hôtel en question, le Ramada by Wyndham, leur a récemment proposé de rejoindre son établissement le temps du Masters. « La marque n’est pas très vendeuse », admettent Laëtitia et Vincent Fernandez, « mais l’opportunité est excellente. Le Tournoi des Maîtres est incroyablement prestigieux à l’échelle mondiale », s’enthousiasment-ils, précisant toutefois ne pas être spécialistes de la discipline, même s’ils « ont déjà frappé quelques balles à Topgolf ».
La renommée de la compétition a convaincu les employés de tenter l’aventure et des extras ont été recrutés. S’ils reconnaissent ne pas trouver la ville très charmante (ils vivent et travaillent au nord d’Atlanta, dans la résidence fermée Big Canoe), les deux Français soulignent toutefois son potentiel, « en dépit de certains bâtiments du centre-ville tombés en désuétude et de petits commerces délaissés ».
Pendant neuf jours, ils géreront à la fois le bar-restaurant au rez-de-chaussée et la discothèque au dernier étage. Le menu a été réduit à cinq entrées, cinq plats et cinq desserts pour l’occasion : huîtres au champagne, déclinaisons de Saint-Jacques, poulpe, gratin dauphinois, carré d’agneau, steak tartare, côte de bœuf au beurre maître d’hôtel, filet mignon, crème brûlée, tiramisu, éclair et macaron y figureront. « Nous restons dans des classiques français avec de légères adaptations américaines », spécifie le chef. Pour accompagner les prix à la hausse pendant l’évènement, « la sélection de vins effectuée est un peu plus haut de gamme qu’habituellement ».
Installés en Géorgie depuis fin 2018, les gérants de C’est la vie n’en sont pas à leur première aventure entrepreneuriale. Il y a d’abord eu le succès, pendant plus de dix ans, de leur camion à pizzas Vincia dans le sud de la France. « Mon père est italien et pizzaiolo », glisse Laëtitia Fernandez, qui s’est formée au métier à ses côtés. « Notre formation n’a pourtant rien à voir avec la cuisine », poursuite son époux. « J’ai un BEP dans l’entraînement de cheval de course, et ma femme un master en communication. Il est compliqué d’immigrer outre-Atlantique avec ce genre de diplômes », se rend-t-il à l’évidence.
Après un apprentissage au Jardin De Tienou à Pierrelatte, au Domaine des Oliviers et à la boulangerie Chez les Vincent (toujours en Drôme provençale), ils maîtrisent « la mise en place, le dressage des tables et des assiettes, l’organisation d’un service et l’exécution de recettes plus compliquées ». Ils ouvrent leur premier restaurant C’est la vie à Washington, « après avoir été mis en contact avec un entrepreneur californien qui ambitionnait de racheter un hôtel historique dans cette petite ville et souhaitait un restaurant à proximité ». Ce qui leur a permis, assurent-ils, de démarrer sans avoir d’argent à investir. Le couple ouvre ensuite un second établissement à Marble Hill, avant de fermer définitivement les portes du premier, où ils estimaient investir, sur la fin, « trop de temps pour trop peu d’argent ».
Le deuxième opus fonctionne sur le même principe que le premier, avec deux espaces séparés : « 65 couverts d’un côté, dans un esprit bar décontracté ; et 48 de l’autre, dans une ambiance feutrée, plus calme, sur fond de musique classique ou de notes de jazz », décrit Vincent Fernandez. Le décor, l’atmosphère et le menu sont différents, avec « des burgers, des pâtes et des pizzas » dans une salle, et des plats plus élaborés dans l’autre. « La carte change toutes les deux semaines », explique-t-il, tout en soulignant que « la technique de la maison permet de préparer les viandes à une cuisson très précise et de conserver à la fois leur tendreté extrême et leur goût » – un détail important pour l’agneau, dont ses clients américains raffolent. « Nous travaillons aussi le poisson, avec des choix plus larges que simplement du vivaneau ou du bar », ajoute cet amoureux de la cuisine méditerranéenne.
C’est la vie connaît aujourd’hui un bon chiffre d’affaires, « malgré un problème de place ». Sans s’avancer sur la suite, le couple répète « prendre les choses comme elles viennent », et, comme beaucoup d’autres à la poursuite du rêve américain, « explorer toutes les opportunités qui se présentent à [eux] ».